Selon deux études publiées par l'Insee il y a quelques semaines, les écarts de salaires entre hommes et
femmes restent toujours marqués, même s'ils ont tendance à diminuer depuis la crise. Ainsi, si dans le secteur privé les écarts de salaires entre hommes et femmes sont passés de 34 % à 32 % de
1995 à 2008, depuis la crise économique, cet écart s'est contracté pour atteindre 28 % en 2010. «Si on enlève les différences dues aux temps partiels, l'écart n'est plus que de 17 %. On tombe
à 14 % si on occulte les différences dues aux heures supplémentaires, majoritairement effectuées par les hommes. Et à 9 % si l'on supprime l'écart dû aux compléments de salaires et aux primes.
Entre les salaires des hommes et des femmes, il y a donc un écart de 9 % que l'on ne sait pas expliquer».
Selon les secteurs, les écarts ne sont pas identiques. Ainsi, dans l'ensemble du tertiaire, le revenu
salarial moyen des femmes est inférieur de 27,5 % à celui des hommes, tandis que dans le secteur industriel, cette différence n'est que de 18,8 %, et dans le public, de 18 %.
Les inégalités ne concernent pas seulement le revenu salarial. La répartition des femmes, à l'intérieur des
secteurs, et selon leur catégorie socioprofessionnelle interpelle également. «Sur 87 familles professionnelles, la moitié des femmes se cantonnent à seulement douze familles. Beaucoup de
femmes pensent qu'elles ne peuvent pas être maçonnes. Or, une caissière soulève entre 800 et 1 000 kg de produits par heure».
En Champagne-Ardenne, la part des ouvrières est plus élevée qu'en France de province (12,3 % contre 9,9 %).
Moins diplômées du supérieur, les Champardennaises exercent moins souvent des fonctions d'encadrement. La part des cadres et professions intellectuelles supérieures dans l'ensemble des emplois
occupés par les femmes de la région se situe en dessous de la moyenne de province, 9 % contre 10,5 %. «Il y a un conditionnement de la société, pour que la femme reste cloisonnée à certains
métiers. Si l'on veut plus d'égalité, il faut que les femmes osent davantage, et qu'elles laissent les hommes s'occuper de la famille».
Si l'égalité professionnelle n'est pas acquise, c'est aussi parce que des différences persistent dans
d'autres domaines. «Les tâches domestiques incombent encore majoritairement aux femmes : 3 h 52 pour les unes. Et 2 h 24 pour les autres».
Ainsi, le recours au temps partiel est très majoritairement féminin. En 2009, 81,6 % des postes à temps
partiel dans la région sont en effet occupés par des femmes. Selon cette logique, ce sont aussi les
femmes qui s'occupent des enfants. Si 85 % des Champardennaises ayant deux enfants et vivant en couple travaillent, les femmes ayant trois enfants ne sont plus que 70 % à travailler. Ce chiffre
tombe à 47 % lorsque la maman a quatre enfants et plus. Évidemment, ce sont encore très majoritairement les femmes qui prennent le congé parental.