Selon une enquête de 60 Millions de consommateurs sur 150 principales villes de France, l’eau est précieuse partout, mais encore plus à Évreux, Saint-Quentin et Laon. Dans ces trois villes, le mètre cube d’eau coûtait plus de 5 € au 1er janvier 2014. Autrement dit, une famille de 4 personnes dont la consommation moyenne est évaluée à 120 m3 d’eau débourse chaque année plus de 600 € !
Les prix de l’eau ont augmenté en moyenne de 6,3 % depuis 2011, pour une inflation de 4 %. Dans 85 % des grandes villes françaises, le prix de l’eau a augmenté plus vite que l’inflation. Et, dans une ville sur deux, la hausse est même deux fois supérieure.
Evreux cumule la première place des villes où le prix est le plus élevé (5,17 euros le mètre cube) et la plus forte augmentation depuis 2011 (+ 37 %). Derrière Evreux les deux villes qui payent l’eau le plus cher sont dans l’Aisne : Saint-Quentin (5,16 euros) et Laon (5,06 euros). Antibes a enregistré la plus forte baisse (- 56 %) et est la ville où le mètre cube d’eau est le moins cher (1,50 euro), bien en dessous de la moyenne nationale de 3,55 euros pour l’ensemble des 150 grandes villes étudiées. En 2014, le mètre cube d’eau à Reims coûtait plus de 3,05 € en 2014 (3,36 € en 2009).
Dans les régions agricoles ou fortement industrielles, l’eau doit subir des traitements de dépollution plus complexes. Il faut moderniser des installations parfois anciennes. C’est le cas d’Evreux, qui a réalisé deux investissements importants pour 87 millions d’euros ces dernières années (construction d’une usine de traitement de l’eau et d’une station d’épuration ; changement des branchements en plomb ; remplacement de nombreux compteurs ; installation de la télérelève...). En amont de la chaîne, dans certaines régions où les nappes phréatiques sont de moins bonne qualité, l’eau nécessite plus de pré-traitements avant d’être distribuée.
Les villes mettent aussi en avant l’augmentation de la TVA sur la partie assainissement, qui est passée de 5,5 % à 10 % entre 2011 à 2014, ou encore les différentes redevances perçues par les agences de l’eau. La part du prix correspondant à ces taxes et redevances a ainsi augmenté de 14,5 % entre 2011 et 2014.
Certaines villes, comme Antibes, ont pu réduire leur prix en renégociant les contrats passés avec les gestionnaires, notamment dans le cas de délégation de service public.
Dans une enquête réalisée par la CLCV en 2009, le prix de l’eau dans les communes du secteur rémois variait de 2,22 € à 4,20 € soit 89 % d'écart. En cause, les montants de l’abonnement et du traitement des eaux usées dûs à la gestion (régie municipale ou affermage).
Et comme le système français fonctionne sur la règle de «l’eau paye l’eau», toute dépense est directement répercutée sur le prix de l’eau vendue aux consommateurs.
Dans certaines villes, une personne seule paie le mètre cube d’eau 40 % plus cher qu’une famille de 4 personnes ! Le montant de l’abonnement est parfois tellement élevé et prend une part tellement importante dans la facture totale que réduire sa consommation ou l’augmenter de quelques mètres cube par an ne se voit presque pas sur la facture...
Face à ces disparités, France Libertés, qui a mené l’enquête avec 60 Millions de consommateurs, plaide pour la définition au niveau national d’«un nouveau système du service public de l’eau», regrettant qu’il n’y ait «pas d’ambition pour une péréquation sur le prix de l’eau», comme pour le gaz ou l’électricité, où les tarifs réglementés sont les mêmes pour tous sur l’ensemble du territoire.
Pour rappel, les coupures d’eau de la part de leur opérateur pour récupérer des impayés sont une pratique illégale depuis un article de la loi Brottes de 2013, entré en application en 2014.