Berceau de l’aviation au début du XXe siècle, Reims a vu sortir des milliers d’avions des ateliers installés dans la cité puis près de la piste de l’aérodrome de Prunay. De la conquête du ciel à celle de l’espace, on vous propose de remonter le temps.
En 1933, l’aviateur et ingénieur aéronautique Max Holste crée la société des avions qui porte son nom. Son entreprise est notamment connue pour avoir conçu et fabriqué le mythique MH.150 Broussard, un avion polyvalent utilisé par l’armée de l’air française jusqu’en 1987 pour des missions d’observation et de liaison.
Rebaptisée Reims Aviation, le 30 janvier 1962, l’entreprise emploie 280 personnes. L’année suivante, elle produira le premier monomoteur Cessna fabriqué en dehors des États-Unis. Installée depuis 1933 rue Gosset, la société est contrainte de déménager. En 1967, elle atterrit dans une nouvelle usine construite à Prunay.
De nombreux appareils sortent de ces ateliers : des bimoteurs, des milliers de Cessna… On y fabrique également des éléments d’avions comme un tronçon du fuselage du Falcon 900 ou des poutres plancher pour les Airbus A300 et A310.
En 2003, l’entreprise est scindée en deux. Reims Aviation Industries fabrique alors un seul modèle d’avion, le F406, un bi turbopropulseur léger conçu pour la surveillance terrestre et maritime. Elle sera placée en liquidation en 2014 et son fonds de commerce repris par ASI aviation. Cette dernière est spécialisée dans le développement, la production et la commercialisation d’aéronefs ainsi que l’intégration et l’installation de systèmes de missions.
De son côté, Reims Aerospace reprend l’activité de sous-traitance de Reims Aviation. Elle est rachetée par un équipementier automobile autrichien, qui la revend en 2011 au jeune groupe français Novae Technology. Après avoir investi dans l’usine de Prunay, Novae décide, en 2020, de revendre l’entreprise au groupe Together.
Together Industry est liquidée en 2021. L’usine est reprise aussitôt par ACI Groupe qui lui redonne son nom historique, à savoir Reims Aerospace.
Progressivement, la société est lâchée par ses deux principaux clients. D’abord par Airbus (40 % du chiffre d’affaires par le passé) qui a cessé, fin 2023, de confier à Prunay l’assemblage de planchers de cockpit pour l’A320 préférant faire appel à des sous-traitants de Tunisie, Chine et Roumanie.
Ensuite, Dassault, premier client de l’entreprise (55 % du chiffre d’affaires) a annoncé, en 2023, vouloir cesser ses relations avec Reims Aerospace, tout en demandant un plan de transfert de compétences afin de former les équipes de son futur sous-traitant désigné pour l’assemblage de pièces de Falcon.
En redressement judiciaire depuis le 2 octobre 2024, le sous-traitant aéronautique était dans l’attente d’un repreneur. Au tribunal de commerce de Reims se tenait, ce jeudi 14 novembre 2024, une audience pour statuer sur le devenir de Reims Aerospace. À la sortie de cette audience, la secrétaire du CSE du sous-traitant aéronautique basé à Prunay a indiqué que le dirigeant de l’entreprise avait demandé le placement en liquidation judiciaire.
Reims Aerospace avait encore 75 salariés. D’après le CSE, ACI va proposer 23 reclassements au sein d’autres entreprises du groupe. Les salariés ont eu connaissance de 300 offres d’emploi émanant de sous-traitants aéronautiques du sud-ouest de la France, qui apprécieraient les rares compétences des ajusteurs-monteurs rémois.
«Le plan de sauvegarde de l’emploi a commencé. On est dégoûté. Les pouvoirs publics et notre gouvernement ne font rien pour sauver les entreprises en France. On se dit qu’on n’est pas beaucoup aidé. On peut le voir encore aujourd’hui avec ArcelorMittal», témoigne, amer, Jérôme Jesson, délégué syndical.