Sur le volume de déchets radioactifs qui va grandissant d'année en année, les déchets de moyenne activité à vie longue (MA-VL) et de haute
activité (HA) sont les plus préoccupants. Les MA-VL sont issus des coques, des gaines, des embouts ou des composants ayant été en contact avec des combustibles nucléaires ou ayant séjourné dans
les réacteurs. Ils représentent 3 % du volume total des déchets français et 4 % de la radioactivité totale. Les déchets de haute activité ne pèsent que 0,2 % du volume total mais 96 % de la
radioactivité. Ces 2 700 mètres cubes sont essentiellement des combustibles usés non réutilisables.
En 1991, la loi Bataille stipule que la France doit explorer trois voies de recherche sur la gestion des
déchets radioactifs à vie longue : le conditionnement en surface ; la séparation / transmutation des radioéléments contenus dans les déchets ; et le stockage réversible ou irréversible dans les
couches géologiques profondes.
En 2000 débute la construction du laboratoire de Bure par l'ANDRA à 490 mètres de profondeur dans une roche
argileuse pour le stockage des déchets MAVL et HA.
En 2006, le Parlement charge l'Andra, après étude de son rapport, du stockage profond et réversible des
déchets de haute activité et de moyenne activité à vie longue.
En 2009 est délimitée une Zone d'intérêt pour la reconnaissance approfondie de 30 km2 (Zira) au sein des 250
km2 déjà délimités autour du laboratoire pour implanter le centre de stockage souterrain. On on appelle maintenant le « Cigéo », le Centre industriel de stockage géologique pour les déchets HA et
MA-VL. Ce projet prévoit le creusement de 25 kilomètres de tunnels sur une aire de 15 kilomètres carrés. Avec ses 1,5 kilomètre de galeries, le laboratoire de Bure n'est que broutille... Il y
aura une «descenderie» (un tunnel en pente) en Haute-Marne pour amener les déchets et un puits traditionnel, en Meuse, pour la descente du personnel et des outils.
Entre 2010 et 2012, une enquête publique a lieu pour le renouvellement de l'exploitation du laboratoire de
Bure et un accord du gouvernement pour réaliser des investigations géologiques approfondies.
En 2013, un débat public et le choix du site d'implantation de Cigéo par le gouvernement vont avoir
lieu.
En 2015 , il y aura dépôt puis instruction de la «demande d'autorisation de création» du centre de
stockage.
En 2017 débutera la construction de Cigéo, sous réserve de son autorisation, et d'un vote d'une loi sur les
conditions de réversibilité du stockage profond. La construction du centre de stockage nucléaire
devrait coûter entre 15 milliards d'euros, selon l'estimation initiale de 2005, et 35 milliards d'euros, d'après une estimation officieuse qui a circulé en début d'année. Côté emploi, on chiffre
entre 1 000 et 2 000 le nombre d'emplois induits par la construction et l'exploitation de Cigéo.
En 2025 devrait débuter l'exploitation du centre qui durera au moins 100 ans. Mais, Cigéo n'est pas sans
poser des questions. La première est induite par la durée possible de stockage : 100 000 ans, autrement dit mille siècles ou cent millénaires. Si la sécurité géologique est probable, qu'en est-il
de la continuité des installations, de la stabilité politique, de la sagesse des hommes sur une telle période ?
Le laboratoire de recherche et le projet Cigéo ont bien sûr leurs opposants. Souvent confronté au problème de
leur légimité scientifique, les anti-Bure bénéficient depuis cette année d'un appui nouveau, en la personne d'un ingénieur agronome et docteur en sciences (université de Reims) qui estime que
sécurité et réversibilité ne sont pas compatibles. Il voit non pas des dangers sur le géologique à long terme mais des carences sur les techniques à court terme. Il pointe des risques de rejets
gazeux, des problèmes de ventilation, des difficultés à éteindre d'éventuels incendies ou tout simplement les coûts du projet Cigéo.
Mais le choix du stockage n'est pas seulement un problème scientifique, c'est surtout un choix de société,
comme le nucléaire qui produit ces déchets radioactifs.
Cigéo, non !