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30 août 2012 4 30 /08 /août /2012 09:33

Une ligne de chemin de fer, mais cinq acteurs. Celle qui relie Saint-Quentin à Origny-Sainte-Benoîte a beau n'afficher que 22,7 km au compteur, sa gestion, son exploitation et son utilisation sont à la croisée d'un millefeuille administratif ferroviaire. Aujourd'hui, elle sert encore à deux usagers. Le chemin de fer touristique du Vermandois (CFTV), géré par une association, est la seule compagnie à transporter encore des passagers - environ 2 000 à l'année - essentiellement en été. D'autre part, Tereos, la sucrerie-distillerie, l'utilise toujours pour transporter alcool et éthanol. Environ 70 000 tonnes chaque année.

Pour comprendre ce qui agite cette ligne aujourd'hui, il faut également rappeler que le Département en est propriétaire depuis de nombreuses années - fait peu banal, puisque c'est la seule voie ainsi gérée dans le département - , que Réseau ferré de France (RFF) est chargé de son entretien courant, et que la compagnie chargée d'assurer le fret pour Tereos est la SNCF.

Premier dossier dans lequel le Conseil général est impliqué, celui de la réhabilitation du pont de Mézieres-sur-Oise, où fleurissent les tags et inscriptions racistes. Un gros dossier pour la collectivité départementale qui doit investir à terme 700 000 €. Les premières études (90 000 €) ont d'ores et déjà été lancées et les travaux interviendraient l'année prochaine ou en 2014. Des charges lourdes qui n'incombent pas à RFF. La convention qui lie les deux partenaires, et qui doit être renouvelée en 2013 ne le prévoit pas.

Tereos, en tant qu'usager principal sera le premier bénéficiaire de ces aménagements. «Il y avait une vétusté relativement importante sur cet ouvrage, cela permettra de maintenir la ligne opérationnelle», précise le directeur de Tereos. A terme, «dans un horizon de deux ans», la société souhaite faire transiter la majorité de sa production par le fer, ce qui est loin d'être le cas à présent. «Il n'y en a qu'une infime partie», glisse le dirigeant. La société espère conclure ses négociations avec la SNCF et RFF pour obtenir des tarifs avantageux.

Et le chemin de fer touristique du Vermandois dans tout ça ? Il pourrait être pénalisé lors de la rénovation du pont, en étant interdit temporairement de trafic. Mais pour la CFTV, il y a plus grave, comme l'explique son président fondateur. «RFF s'est souvenu de notre existence il y a deux ans. On nous a même demandé, mais qu'est-ce que vous faites là ? Ils voulaient même nous interdire de rouler, finalement, ils nous ont autorisés à rester». Sauf que…

Selon le Saint-Quentinois, RFF en aurait également profité pour réclamer à la compagnie touristique une redevance annuelle de «11 766 €». Une somme à comparer avec celle réclamée à Tereos qui serait d'après les dires de Jean-Yves Delamare «de moins de 10 000 €». Or, l'association, avec ses recettes évaluées à 40 000 € et un budget de 83 000 €, avec les deux employés en contrat aidés compris (grâce à des subsides du Conseil général), ne joue pas vraiment dans la même catégorie que l'entreprise qui pèse 4,4 Mds € et 2 000 employés à l'échelle mondiale. «Même en faisant des économies, et on a commencé à mettre un peu de côté, on ne pourra jamais payer tout ça, même en augmentant nos prix. Ou alors, il faut qu'on se sépare de nos deux salariés ou que l'on fasse plus d'entretien».

Ce dernier veut croire en une solution trouvée avec RFF. Quant à une sollicitation de ses partenaires publics. «Le Département nous soutient déjà assez, la Ville nous verse une subvention de 1 600 €, mais il faut souligner qu'elle nous soutient, comme d'ailleurs la Communauté d'agglomération à travers le terrain et le bâtiment». Resterait la Région «qui ne nous verse rien, alors qu'elle alloue des subventions de fonctionnement au petit train de la Somme».

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