La Cour européenne de justice a récemment signé la disparition du Plan européen d'aide aux plus démunis (PEAD). Dès 2012, le budget alloué pour l'aide alimentaire en Europe diminuera de 75 % pour être entièrement supprimé l'année suivante. L'enjeu est de taille pour les associations, et le coup très rude.
En France, le PEAD représente au bas mot de 35 à 40 % des denrées distribuées principalement par le Secours populaire, la Banque alimentaire, les Restos du cœur et la Croix Rouge. Pour les 20 000 Marnais qui en bénéficient, cela signifie la disparition d'environ 1,4 million de repas chaque année, soit 700 tonnes de denrées alimentaires. Une situation inenvisageable au regard de la situation, estiment les différentes structures.
Pourquoi en est-on arrivé à ce cul-de-sac ? D'abord parce que le PEAD fonctionne depuis quelques années hors de son strict cadre légal. À sa création en 1987, le plan est organisé pour que les surplus agricoles européens soient distribués aux plus démunis. Face à la réduction des stocks, la méthode a peu à peu glissé vers une aide financière de 500 millions d'euros ponctionnés sur le budget de la Politique agricole commune. Peu enclines à soutenir ce programme - dont elles-mêmes ne souhaitent pas bénéficier - l'Allemagne et la Suède ont saisi la justice européenne avec l'issue que l'on connaît.
Tout n'est pas perdu pour autant, à condition d'agir rapidement. Si les associations ne doutent pas que chaque pays devrait voter individuellement une aide d'urgence pour 2012 - «en particulier en France avec les échéances électorales» - elles cherchent en revanche à mobiliser pour trouver une solution pérenne. La Commission européenne a proposé d'améliorer l'actuel PEAD à deux reprises déjà, sans y parvenir, la minorité de blocage étant constituée par l'Allemagne, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, le Danemark, la Suède, l'Autriche et la République Tchèque. Voilà donc ceux qu'il faudra convaincre. Il faudra, d'ici le 19 octobre, trouver les bons arguments.