Selon une étude réalisée par l'Insee, 177 000 Champardennais - soit 13,2 % de la population - vivent dans un quartier prioritaire. Un chiffre qui place notre région au 5e rang des régions métropolitaines où cette proportion est la plus élevée, et qui renvoie vers un autre chiffre, extrait d'une étude intitulée L'observation sociale des territoires de Champagne-Ardenne, qui révélait que 14,6 % de la population champardennaise se situe sous le seuil de pauvreté. Une pauvreté essentiellement liée aux évolutions du marché du travail, concrétisée par une fragilité sociale inégalement répartie sur le territoire de la région, et qu'on retrouve essentiellement dans les grandes agglomérations, et notamment dans les quartiers prioritaires.
Avec la mise en place des Cucs, 31 nouveaux quartiers prioritaires (NQP) se sont ajoutés aux 30 zones urbaines sensibles (Zus) définies en 1996. Parmi ces 61 quartiers, 25 sont classés en priorité 1, degré de difficulté le plus élevé, 19 sont en priorité 2 et 17 en priorité 3. La région compte également une Zus à Rethel créée en 1996, mais pour laquelle la ville n’a pas contractualisé avec l’État lors de la mise en place des Cucs en 2007.
Pour l’ensemble des onze indicateurs étudiés, plus des trois quarts des quartiers prioritaires de Champagne-Ardenne ont une situation plus dégradée que celle de l’ensemble de la population habitant dans les unités urbaines englobantes. En s’intéressant aux indicateurs de revenu, d’emploi et d’éducation, à la surface des logements et à la part des ménages locataires, ce sont plus de neuf quartiers sur dix qui connaissent une situation plus défavorisée.
Les difficultés sont les plus marquées sur le revenu, la structure familiale et les conditions de logement. Pour plus de la moitié des quartiers, les habitants disposent d’un revenu médian de 11 800 euros, 1,5 fois inférieur à celui perçu par la population résidant dans les unités urbaines englobantes (16 600 euros). Les écarts sont similaires pour la part de familles monoparentales (6,2 % contre 4,1 %), les ménages d’au moins six personnes (3,2 % contre 2,1 %) et les ménages locataires (87,1 % contre 58,0 %). Ils sont encore plus accentués pour la part des ménages à bas revenu (25,7 % contre 12,2 %) et la part des ménages locataires en HLM (77,3 % contre 33,6 %).
Le revenu résume à lui seul les difficultés d’un quartier prioritaire. Plus un quartier dispose d’un revenu médian par unité de consommation faible, plus il connaît des difficultés importantes dans tous les domaines. Ainsi, les cinq quartiers les moins pauvres ont aussi le moins de difficultés liées à la famille, au logement ou à l’emploi et l’éducation. À l’inverse, les cinq quartiers les plus précaires en terme de revenu cumulent les difficultés : taux d’activité et part de diplômés les plus faibles, chômage le plus élevé, logements les plus petits. Ils regroupent également à la fois les quartiers où la part de familles monoparentales est la plus élevée, et ceux dont la part des ménages d’au moins six personnes est la plus importante, les deux situations se compensant en moyenne.
Un quart des quartiers est en moindre difficulté par rapport à l’ensemble des quartiers prioritaires de Champagne-Ardenne fin 2009. Ce groupe est constitué des 15 quartiers de la région dont le revenu médian excède 13 000 euros, qui sont principalement des grands NQP de priorité 2 ou 3 : 13 ont plus de 2 000 habitants, 13 sont des NQP et 14 sont classés en priorité 2 ou 3. Ne comptant aucun quartier de ce type, l’Aube est sous-représentée dans ce groupe avec un seul quartier concerné sur les 11 du département, au contraire des trois autres départements de la région.
Un quart des quartiers est en plus forte difficulté que les autres quartiers prioritaires régionaux fin 2009. Au sein de ces quartiers, le revenu médian est inférieur à 9 000 euros, soit presque moitié moins que le revenu médian de l’ensemble de la population de la région (17 400 euros). Les Zus de priorité 1 constituent les deux tiers de ce groupe de quartiers. Avec 7 quartiers Zus de priorité 1 parmi ses 12 quartiers, le département des Ardennes est le département le plus impacté avec 42 % de ses quartiers dans ce groupe. Les quartiers de l’Aube y sont également surreprésentés (4 des 11 quartiers du département).
Fin 2009, la moitié des quartiers de la région est en situation intermédiaire, avec un revenu médian compris entre 9 000 et 13 000 euros. Dans ce groupe, l’Aube connaît la situation la plus dégradée, avec 5 quartiers sur 6 disposant d’un revenu inférieur à 11 800 euros. À l’inverse, les 3 quartiers de la Haute-Marne ont tous un revenu supérieur à 11 800 euros. La répartition des quartiers de ce groupe est équilibrée dans la Marne. Les Ardennes comptent, en proportion, moins de quartiers dans cette tranche (33 %) que les autres départements.
Degré de priorisation des actions de l’État, tel qu’établi lors de la mise en place des Cucs en 2007, et difficultés observées sur les quartiers en 2009 concordent dans les situations les plus extrêmes, les plus favorables comme les plus dégradées. Cependant, l’objectif pour la politique de la ville, affirmé par la loi du 1er août 2003, vise à «réduire les inégalités sociales et les écarts de développement entre les territoires». Aussi, l’intensité des actions de l’État sur un quartier ne dépend pas uniquement du niveau absolu de ses difficultés, mais également de l’ampleur de la divergence entre la situation socio-économique de ce quartier et celle de la ville où il est inséré, ainsi que des inégalités au sein même du quartier.
Pour en savoir plus :
http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=13&ref_id=19682#inter4