Mise à pied le 30 janvier 2017 pour avoir dénoncé les conditions d'accueil des mineurs étrangers après le décès du Malien Denko Sissoko, l'éducatrice risquait d'être licenciée.
Cette éducatrice spécialisée, par ailleurs déléguée du personnel - ce qui impliquait l'accord de l'administration pour la licencier - travaille depuis 16 ans pour La Sauvegarde de la Marne, une association financée par le Conseil départemental et dont l'une des missions est l'accueil des mineurs isolés étrangers. Cette association avait demandé son licenciement pour faute grave suite à des "déclarations irraisonnables et fallacieuses".
L'Inspection du travail a refusé le licenciement d'une éducatrice spécialisée demandé par son employeur pour avoir dénoncé publiquement les conditions d'accueil des mineurs isolés étrangers dans le foyer d'hébergement qu'il gère à Châlons-en-Champagne (Marne) et où un jeune Malien s'est suicidé en janvier..
Les faits sont survenus "en dehors de l'exécution de son contrat de travail" et elle s'est exprimée "en sa qualité de représentante du personnel", a souligné l'Inspection du travail pour motiver son refus, dans un courrier daté du 29 mars dont l'AFP a eu copie.
Un soulagement pour elle : "Déjà la première chose à laquelle j'ai pensé c'est que j'avais envie de saluer l'indépendance de l'Inspection du travail qui dans ce conflit a remis du droit entre les deux parties...". L'éducatrice poursuit : "j'ai été soulagée, heureuse de retrouver mon poste lundi prochain au sein des miens et ça me conforte dans l'idée que j'avais raison de parler au moment où j'ai parlé".
Dans le même temps, on apprenait que plus de deux mois après la mort de Denko Sissoko à Châlons-en-champagne, les parents du jeune migrant malien portent plainte contre X pour homicide involontaire, mise en danger de la vie d'autrui et non assistance à personne en danger. Les parents de Denko Sissoko ne croient pas au suicide de leur fils, l'aîné d'une fratrie, âgé de 16 ans, parti du Mali à leur insu et arrivé dans la Marne en novembre dernier. "Ils n'y croient pas et surtout ils veulent connaître la vérité, ou tenter de la connaître... ils sont animés d'aucun esprit de vengeance", précise Maître Emmanuel Daoud leur avocat. "Oui il y a eu un défaut de protection, oui il a été exposé à un danger, mais comme d'autres, et peut-être comme d'autres encore aujourd'hui...".
A noter également que le défenseur des droits a été saisi dés le mois de janvier et une enquête a été confiée au pôle de défense des droits de l'enfant pour tenter de savoir s'il y a eu ou non des dysfonctionnements dans la prise en charge du jeune malien.
Quoiqu’il en soit, le combat continue. La prochaine réunion du comité de soutien Denko Sissoko Ne tournons pas la page aura lieu le jeudi 6 avril à 18 h à la Maison des syndicats de Reims.
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