Ouvert en 2009 au cœur de Charleville, tout près des salles obscures du Metropolis, le Central Park a coûté 4,5 millions d'euros (3,3 pour le bâtiment, 1,2 pour l'aménagement intérieur). Il emploie 30 personnes (entre 20 et 25 équivalents temps plein) qui s'activent sur les deux niveaux de ce bâtiment de 1 500 mètres carrés au sol : au rez-de-chaussée, 16 pistes de bowling, des jeux pour enfants, un bar et une salle de restaurant ; à l'étage (imposé à l'entrepreneur qui, à l'origine, se serait contenté d'un seul niveau), une vaste salle de réunion, des billards et autres jeux électroniques ainsi qu'un large espace dédié aux jeux laser.
Le bowling représente 50 % du chiffre d'affaires, mais chute de façon vertigineuse, selon l'expert comptable. Il serait passé de 825 000 euros durant l'exercice 2009-2010 à 604 000 euros en 2011-2012. Soit une perte de 221 000 euros et une chute de 36, 53 %.
À Douzy, le député-maire projette d'ouvrir douze pistes dans un an, moyennant 2,25 millions d'euros, largement subventionnés par de l'argent public (à hauteur de 675 000 euros, dont une aide déjà actée de 250 000 euros du Centre national pour le développement du sport ).
Y-a-t-il y assez de places dans les Ardennes pour deux bowling de cette taille ? Plus de trois quarts des personnes situées à 30 minutes de Douzy ou Charleville sont… les mêmes. Un quart des clients du Central Park vient de Sedan.
Le gérant de Central Park a engagé une procédure auprès du Tribunal administratif pour contester l'aide concernant le projet de Douzy. Dans un courrier envoyé à divers élus et aux ministres de l'Intérieur et des Sports, il envisage, si les pistes de Douzy se concrétisent, de récupérer ses boules et ses quilles et de les installer ailleurs, en rembourserant la subvention octroyée par le conseil général (100 000 euros).
Le projet soutenu par le député-maire de Douzy est l'objet d'attaques en règle de la part de nombreux responsables de la gauche ardennaise, mais aussi d'amis politiques, tel le conseiller général, ex conseiller de Nicolas Sarkosy : «Je n'ai rien contre la concurrence, à partir du moment où les conditions sont les mêmes pour tous. En revanche, si certains sont aidés par de l'argent public et d'autres pas, ça pose un problème… Le fait, en ayant recours à des fonds publics, de venir concurrencer un privé, au risque de menacer les emplois créés par ce dernier, ça peut devenir très embêtant».