Le 26 novembre 2013, dans la salle du conseil des prud’hommes de Laon, 2 intérimaires expliquaient comment depuis 2005, ils avaient travaillé presque sans relâche pour leur employeur. Sans relâche et pourtant, sans contrat fixe.
De Buire, son antenne locale, Thiérache Environnement (groupe Flamme) réglait au téléphone la semaine de ces deux intérimaires. Huit ans à ce rythme pour l’un, sept pour l’autre, sans certitude pour le lendemain et sans véritable moyen de chercher autre chose que ces missions de chauffeur ripeur commandées via une société d’intérim (Start People), à Avesnes-sur-Helpe. Au final, les 2 intérimaires ont cumulé 1 726 missions, des contrats à durée déterminée selon leur contradicteur, de quelques heures à quelques jours.
Étrangement, sitôt l’action contentieuse engagée, les commandes de missions en direction des deux éboueurs ont cessé. Si ce n’était pas un licenciement, selon la défense des deux salariés, cela y ressemblait fort.
Quatre mois après la présentation des faits et l’exposé des demandes devant le conseil, les juges ont rendu leur jugement et fait droit à l’essentiel des prétentions des ripeurs. La société d’intérim, qui assurait le lien entre les éboueurs et l’entreprise Flamme a été mise hors de cause mais tous les contrats de missions ont été requalifiés en contrats à durée indéterminée avec les droits correspondants. Plus encore, le tribunal a ordonné la réintégration des deux salariés sous astreinte de 500 euros par jour de retard.
L’un des éboueurs intérimaires s’avoue «satisfait d’avoir été entendu. Nous attendons de savoir si l’entreprise fait appel du jugement mais nous serons heureux d’intégrer les effectifs», sans illusion sur le climat dans lequel sa réintégration s’opérera. Car, parmi les décisions du conseil des prud’hommes de Laon, l’exécution provisoire du jugement n’est pas la moindre. En somme, même si elle fait appel, la direction du groupe Flamme doit régler à ses deux salariés un total de 135 000 euros.