Après neuf mois d'attente, on espérait la délivrance. Mais il faudra encore attendre…
Regroupées devant la porte de l'entreprise Sodimedical à Plancy-l'Abbaye dès 7 h, les salariées n'affichaient plus la même mine réjouie qu'il y a une douzaine de jours. Car malgré une décision rendue par la chambre sociale de la cour d'appel de Reims le 11 juillet, les salaires n'ont pas été versés sur leurs comptes ce week-end et l'usine est restée à l'arrêt.
Le jugement est pourtant clair : la cour a prévu 1 000 € d'astreinte par jour de retard et par salarié si le travail ne reprend pas, 1 000 € aussi en cas de retard de paiement de la mutuelle et 400 € pour tout retard dans le versement des salaires, le tout sous huit jours à compter de la notification de la décision. Et c'est bien là que le bât blesse. «Lohmann et Rauscher a refusé cette notification, qui lui a été faite en français et non en allemand», précisait hier un des avocats troyens du groupe.
Les «Sodi», ont choisi de prendre les choses en main, et de faire traduire cette notification. Mais l'affaire prend du temps. L'avocat devait récupérer le document hier. «Il faudra ensuite le communiquer à Lohmann et Rauscher par voie d'huissier, a-t-il indiqué, joint par téléphone. Si la procédure allemande prévoit que nous devons en plus faire authentifier l'arrêt français, nous serons obligés de prendre un avocat sur place». Ce qui allongera encore le délai d'attente pour les salariés. Et engendrera de nouveaux frais. «La traduction coûte déjà 3 000 €. Comment les salariés vont-ils payer cela ?».
En attendant, à Plancy, les salariées rompues aux renvois, vices de forme et autres revirements de situation, n'attendent pas un miracle. «Nous sommes venues au cas où, comptant sur un peu de bonne foi, mais nous savions très bien qu'à cause de ce problème de traduction, il ne fallait pas trop espérer…», résumait une salariée. Un pessimisme partagé par ses collègues. Car si, chez les Sodi, on continue à pointer chaque matin et chaque soir, à se retrouver pour jouer aux cartes, tricoter, échanger quelques blagues, et partager ses repas tirés du sac, on sait aussi que tout ça ne pourra pas durer. «Quand on sera à Pôle Emploi, tout seul, ce sera dur».
Et Lohmann et Rauscher, qui prévoit un pourvoi en cassation, «réfléchit actuellement à la meilleure manière d'appliquer le jugement qui va lui être notifié». Condition obligatoire avant tout nouveau recours à la justice.