Le temps des vaches grasses (si tant est qu'elles l'aient été ces dernières années…) n'est plus qu'un aimable souvenir. Et au train où vont les choses, ce n'est pas demain la veille que des bovins rumineront en regardant passer des convois sur la ligne transfrontalière reliant Givet à Dinant. Quant à l'autoroute devant permettre, d'un coup de volant, de se rendre de Charleville-Mézières à Charleroi, elle risque fort de déboucher sur de modestes chemins de traverse une fois passée la frontière…
Depuis 1988, date de l'arrêt du transport de passagers entre les deux villes frontalières, des voix chaque jour plus nombreuses (mais essentiellement françaises…) réclament la réouverture de ce tronçon.
«Il nous est tombé sur la tête de très mauvaises nouvelles concernant l'état de la ligne déjà existante entre Charleville et Givet : il va falloir investir 180 millions d'euros pour la remettre en état. On ne peut plus séparer ces deux dossiers. La perspective de voir rouler des trains entre Givet et Dinant dans un proche avenir est suspendue à la décision qui sera prise sur le dossier de la ligne Charleville-Givet. Il faut donc moins rêver…»
Difficile de croire en effet que par les temps qui courent, Réseau ferré de France va consentir simultanément deux efforts aussi lourds de conséquences en terme budgétaire.
Les autorités belges n'ont jamais inscrit le tronçon Givet-Dinant parmi leurs priorités, préférant miser sur la liaison Bruxelles-Luxembourg via Namur. Or on vient d'apprendre que même ce dernier projet, pourtant jugé crucial par quasiment tous les élus wallons, est reporté aux calendes grecques.
Pour Infrabel (l'équivalent belge de Réseau ferré de France), «Il est impossible de réaliser le même nombre de chantiers avec moins d'argent. Aujourd'hui, nous préférons dire : avec ce que l'on nous donne, voilà ce que l'on peut faire. Il nous paraît de toute façon irréalisable de nous engager auprès d'entrepreneurs que nous ne pourrions plus payer dans quelques mois».
Autre dossier, autre blocage : aux dernières nouvelles, la fameuse «ranche ouest de l'Y autoroutier ardennais» (rebaptisée plus sobrement A 304) risque fort de déboucher, peu après la frontière, sur une route classique à deux fois une voie.
Avec tous les problèmes de circulation que ce goulot de rétrécissement ne pourra qu'engendrer : à l'échelle européenne, on parle quand même ici de l'autoroute Marseille-Rotterdam !