«Ca commence vraiment à faire long. Vivement que nous soyons fixés !», insistaient plusieurs ex-Grantil ayant travaillé sur le projet de
Scop (Société coopérative et participative). Car leur usine (historique à Châlons puisqu'elle date de 1838) : ils y tiennent, se donnent les moyens de la sauver et de sauver par là même 68
emplois sur les 162 que comptait l'entreprise il y a peu.
Forme de fébrilité et de détermination à la fois dans les rangs car les clés du site de production et son avenir étaient hier entre les mains de curateurs Belges et de liquidateurs Français qui avaient été convoqués par le préfet de 8 h 30 à 9 h 30. À suivi une seconde phase de négociations avec les puissances publiques réunies autour de la table : conseil régional, conseil général, élus locaux, URScop (Union régionale des sociétés coopératives et participatives de l'Est), Cac (Communauté d'agglomération de Châlons), Chambre de commerce… Bref, une mobilisation venue de tous les horizons afin que Grantil puisse continuer à fonctionner sous la forme coopérative.
À la condition que la Scop soit créée, une nouvelle page pourrait donc se tourner, mais nous n'en sommes pas là car la procédure est longue. À l'issue des rencontres cruciales d'hier matin, une forme d'optimisme était tout de même de mise.
Si un montant confidentiel de reprise a été donné (les Domaines estiment à 2,7 M€ rien que l'immobilier), certains aspects bloquent encore. «Nous sommes partis dans la bonne direction. Restons confiants. Sous huit jours, nous devons obtenir une réponse des curateurs».
La procédure est d'autant plus compliquée que selon la procédure belge de mise en faillite, le tribunal de commerce de Bruges a nommé des curateurs qui traitent des actifs immatériels : marques, propriété intellectuelle, produits. Une procédure secondaire, française cette fois, a été déposée avec la nomination de liquidateurs mandatés par le tribunal de commerce de Châlons qui gèrent le matériel : outil de production, bâtiments, cylindres de fabrication…. Les acteurs de la seconde devant toujours rendre compte aux curateurs.
Le lease-back sur les bâtiments et les machines (procédure par laquelle Grandeco a cédé l'ensemble à deux sociétés de crédit-bail qui ont remis mobilier et immobilier immédiatement à la disposition de la société châlonnaise) est devenu immatériel dans le dossier Grandeco, la liquidation permettant de répondre aux créanciers.
Avec le projet de Scop présenté tant aux curateurs Belges qu'aux liquidateurs Français, immobilier, matériel et lease-back sont totalement regroupés, une offre d'achat globale a donc été présentée lors de la négociation d'hier, où la carte de la sauvegarde de l'emploi a été jouée à 100 %, les actifs servant de projet.