Comme dans de nombreuses villes de nos régions, les cheminots grévistes de Reims, réunis en assemblée générale, ont décidé la poursuite de leur mouvement. Sébastien, un des secrétaires régionaux CGT-Cheminots de Champagne-Ardenne, et Stéphane, secrétaire adjoint de Sud-Rail Champagne-Ardenne, détaillent les raisons de cette grève, débutée mardi soir.
Tout part d'un projet de loi de «réforme ferroviaire», discuté en première lecture à l'Assemblée les 17, 18, 19 et 24 juin. Le but de ce texte est de stopper les couacs et les dérives financières entre la SNCF et RFF. Scindées en 1997, les deux activités, circulation et infrastructures, vont à nouveau être réunies au sein d'une même entité. Enfin, plus exactement trois : la SNCF, société mère, chapeautera la SNCF Réseau, chargée des infrastructures (comme RFF), et la SNCF Mobilité, qui exploitera les installations. «Actuellement, la SNCF est divisée en cinq activités et cela fonctionne mal en interne ! Après, cela fonctionne mal entre la SNCF et RFF. Demain, avec trois entités, cela fonctionnera encore plus mal. Et le service rendu aux voyageurs sera moins bon !».
L'autre but de cette réforme est de «stabiliser progressivement la dette. Ces 40 milliards d'euros, ce sont les cheminots et les voyageurs qui vont la payer !». «On nous rétorque que nous tenons des raisonnements simplistes et réducteurs. Face aux propos alambiqués de notre direction, c'est normal...»
Cette réforme ferroviaire porte aussi la volonté gouvernementale de créer «un cadre social commun à tous les travailleurs de la branche ferroviaire». Actuellement, à côté des 160 000 salariés de la SNCF, «3 000 cheminots travaillent dans des entreprises privées en France. Et nous sentons la volonté d'aligner tout le monde vers le moins-disant socialement». «Les salaires, les 35 heures, les suppressions de postes qui vont s'accentuer, cette réforme recèle un gros volet social qui va mettre en danger notre statut».
«Il faut revoir complètement le projet de loi, que l'on en débatte en interne, avec les représentants, avec les associations d'usagers, avec la direction, avant d'envoyer le texte au Parlement».