En colère, le personnel de la MaDEF (Maison départementale de l’enfance et de la famille) à Warcq, service du conseil général, s’est récemment mis en grève : trente personnes ont débrayé quelques heures, le jour d’une visite du directeur des services.
Selon des éducateurs, la liste des problèmes rencontrés à la MaDEF est aussi longue que la souffrance y est grande. «Les conséquences de ces sureffectifs sont néfastes : mal-être des jeunes, locaux inadaptés, cohabitation difficile, agressivité et violence». Des adolescents fuguent, des adolescentes se scarifient, les problèmes psychiatriques sont en augmentation, trois éducateurs sont à l’arrêt après avoir été frappés…
Les chiffres avancés révèlent, selon les éducateurs, «la paupérisation de la société et la dégradation du tissu social». En sept ans, le nombre de situations gérées par la MaDEF a triplé (de 50 à 145). Sur la même période, le nombre d’agents en équivalent temps plein est passé de 66 à 106. Le bâtiment accueille en moyenne plus de cent jeunes au quotidien, essentiellement des ados.
En théorie ils devraient rester dans ce foyer d’accueil «d’urgence» entre quatre et six mois. «Mais on se retrouve avec des jeunes qui sont là depuis un, voire deux ans ! Notre travail, qui était auparavant très individualisé, est devenu un travail de gardiennage».
Une grande partie du problème aurait dû résolu avec la construction de la nouvelle MaDEF. Mais le chantier, à l’étude depuis 2007, n’a pas encore débuté. La raison tient notamment à la loi sur l’eau, et à la compensation des fameuses «zones humides». Nul ne sait quand le bâtiment verra le jour.
Pour le conseil général, «Il y a un vrai problème de sureffectif, de 15 à 20 jeunes par jour. Les éducateurs font un travail très difficile car les placements se multiplient. Le social est notre compétence numéro 1 et on l’assume. C’est notre responsabilité d’accueillir les enfants du mieux possible. On a trouvé quelques solutions, en plaçant des jeunes aux Vieilles Forges ou à Rethel. On va aussi recruter quinze éducateurs et veilleurs de nuit».
Pour les éducateurs, «Ce que nous voulons, c’est trouver des solutions pérennes pour éviter les sureffectifs et garantir à ces jeunes un accueil digne, un personnel pouvant remplir ses missions éducatives, et des conditions de vie contribuant réellement à l’épanouissement des jeunes».