Il y a un peu plus d'un an, Sodimédical, filiale du groupe Lohmann & Rauscher, décidait de fermer son usine de Plancy-l'Abbaye et de licencier la totalité de ses 54 salariés. Sodimédical veut transférer sa production de champs opératoires en Chine (ce qui est fait) et en Tchéquie.
A la suite des décisions négatives du TGI et du tribunal de commerce de Troyes, Sodimédical avait dispensé en mai ses salariés de venir travailler. Il leur avait demandé de rester à la maison. Mais par courrier, l'entreprise s'était engagée à leur verser leur paie normalement. Toutefois, craignant qu'elle n'en profite pour déménager les machines, les salariés ont assuré des tours de garde. De jour comme de nuit.
Toujours est-il que le salaire de mai n'a pas versé au personnel. Une inspectrice du travail est venue à Plancy-l'Abbaye pour dresser un procès-verbal de carence. Une audience des Prud'hommes est prévue vendredi 17 juin. Pour que Sodimédical verse bien les salaires, l’avocat va demander aux Prud'hommes d'assortir sa décision d'une astreinte de 500 euros par jour de retard. Pour «résistance abusive», il va réclamer 1 000 euros de dommages et intérêts par salarié. S’ils ont reçu le 15 juin, leurs feuilles de paye du mois de mai, elles étaient accompagnées d'une note d'information précisant qu'une partie seulement de leur salaire leur sera versée (325 €). Un comble pour les salariés qui pour la plupart gagnent le SMIC.
Le conseil des Prud'hommes de Troyes a ordonné hier à Sodimédical de verser dans les huit jours à ses 54 salariés leur paie de mai. Et pour que cela soit le cas, il a assorti sa décision d'une astreinte financière de 100 euros par jour et par salarié. Il a aussi condamné la filiale du groupe Lohmann & Rauscher à régler 500 euros de dommages et intérêts à chacun d'entre eux. Il a aussi exigé qu'elle paie la mutuelle du personnel. Ce qui n'a pas été fait et ce qui laisse les salariés sans couverture médicale complémentaire.
A l'issu de la réunion du CE qui s’est tenu à l'hôtel Novotel de Barberey, les salariés ont «gardé un peu au chaud» leur gérant. L'envie de le retenir tant que les salaires n'étaient pas versés fut grande mais la raison l'a emporté sur l'exaspération.
Nouvelle décision de justice, nouvelle victoire pour les 54 salariés de Sodimédical. Le conseil des Prud'hommes de Troyes a ordonné à l'entreprise de fournir du travail à son personnel. Et pour que cela soit le cas, il a assorti son jugement d'une astreinte de 1 000 euros par jour et par salarié ! Il a aussi obligé l'entreprise à réintégrer les représentants du personnel dans leurs fonctions sous une astreinte supplémentaire de 1 000 euros.
La liquidation réclamée par la grande porte revient par la fenêtre. Elle est demandée cette fois non plus par l'entreprise mais par un fournisseur chinois de Sodimédical : Shanghai Industries.