La réforme de la politique agricole commune, qui vient d’être adoptée par le Parlement européen, va coûter cher aux agriculteurs de de Champagne-Ardenne et de Picardie.
Ce n’est pas le budget de la Pac qui est en cause, puisqu’il est stabilisé à 53 milliards d’euros au niveau européen,
mais plutôt la façon dont la France a décidé de répartir sa part. Plutôt les éleveurs que les céraliers...
Belle idée mais les exploitants qui vont bénéficier le plus de la redistribution sont ceux de la moitié sud de la
France, lieu où l’élevage est majoritairement extensif (herbage) alors qu’il est plutôt intensif avec des bêtes nourries notamment au maïs dans le nord.
On va supprimer une prime à l’herbe pour renforcer «l’indemnité compensatoire de handicaps naturels» (ICHN). Or, comme le dénoncent en chœur le conseil régional et la chambre d’agriculture, 60 % des élevages de la Champagne-Ardenne sont hors IHCN.
Le gouvernement a voulu aider aussi la «production qui emploie davantage de main-d’œuvre et pour qui la rentabilité du capital investi est plus faible». Ce parti pris explique aussi la «surprime» accordée aux cinquante-deux premiers hectares de façon à aider les petites exploitations moins prospères.
Selon les calculs de la chambre d’agriculture champardennaise, la baisse des aides directes s’établira, en 2019, dernière année du déploiement de la réforme, à 137,2 millions d’euros pour les agriculteurs de Champagne-Ardenne et à 141,7 millions d’euros pour les Picards, soit des baisses de 25 % et 26 % par rapport à 2012.
«Les années où les cours sont très hauts, on n’a pas besoin d’aides», reconnaît le président de la chambre d’agriculture de la Marne.
En attendant, la chambre d’agriculture et la région montent au créneau, pour que le «deuxième pilier» de la Pac, à savoir le fonds Feader pour le développement rural, puisse voler au secours des éleveurs fragilisés par la nouvelle donne.