C'est ce qu'est venu dire hier la ministre de la Justice. Il y a trois ans, elle était menac"e de fermeture pour cause vestuté. «En regardant
le coût de la réhabilitation, qui est énorme, on peut avoir la tentation de proposer une fermeture. Néanmoins, le service rendu par cet établissement oblige à le maintenir. Il n'est pas
question de fermer Château-Thierry».
Car Château-Thierry est une anomalie pénitentiaire. Un petit établissement - la centrale accueille une soixantaine de détenus - qui s’est organisé empiriquement. «Une structure hors normes», ont écrit les sénateurs en mai 2010. La bâtisse a été construite en 1850, intégrée à la ville. Cent ans plus tard, face à la hausse des malades mentaux en prison, Château-Thierry est chargé de soulager les établissements traditionnels et d’accueillir les détenus incapables de s’intégrer à un régime de détention classique - «fauteurs de troubles» ou victimes de violence.
55 surveillants pour la centrale et le centre de détention d’une trentaine de places. «Ici, on n’a pas de mirador et ça ne nous manque pas». Mais Château-Thierry est une vieille prison. Les cellules mesurent 6 m2 - moins que le minimum fixé à 7 m2 par le comité pour la prévention de la torture. Des travaux de peinture et de réfection vont être engagés à Chateau-Thierry dans le cadre du plan triennal de rénovation des établissements pénitentiaires, mais "nous n'avons pas les moyens de réhabiliter un vieil établissement comme ça"
En 2007, une étude des services de santé a contraint à renforcer le personnel médical, bien supérieur à celui d’une prison classique (un psychiatre à temps plein, un poste et demi de psychologues, sept infirmiers, un généraliste à mi-temps…)
90 % des prisonniers qui passent dans les cellules castelles souffrent de pathologies psychotiques et sont condamnés à des peines supérieures à huit ans (de 2 à 8 ans pour la partie centre de détention). es détenus y passent entre 3 mois et un an. Les équipes travaillent alors à la «réinsertion» du condamné.
Selon la ministre, «Il y a un taux élevé de personnes présentant ce genre de troubles dans les établissements du
territoire et de l'outre-mer. Un audit récent indique que 16 % des détenus avaient fait un séjour dans une unité psychiatrique avant leur incarcération».
Pour l’Observatoire international des prisons, «Plus il y aura des structures spécialisées et plus on enfermera
des malades mentaux, qui n’ont rien à faire en prison. On présente Château-Thierry comme un modèle car surveillants et détenus boivent des cafés. En creux, cela montre surtout le manque
d’humanisation des prisons classiques».