Les élections et les lendemains qui déchantent...
Qui peut croire aux promesses des politicienNEs, qu’au lendemain du cirque électoral la situation des classes populaires s’améliorera, que l’exploitation capitaliste, les licenciements ou les chantages aux licenciements s’arrêteront, qu’État et patronat, touchés par la grâce, augmenteront les salaires et étendront les droits sociaux, qu’un vent de liberté soufflera dans les têtes et sur le pays ? Sarkozy dégagera peut-être bien. Et après ?
La sociale-démocratie (PS) et ses alliés (Europe-Écologie, Front de Gauche) salivent déjà devant les postes qui vont vraisemblablement se libérer… Mais les politiques d’austérité budgétaire et salariale, de restriction des droits sociaux, dures à avaler, vont perdurer. Ce qui risque de changer, ce ne sont pas ces politiques mais la manière de les appliquer et le rythme de leur application. Elles seront bientôt accompagnées de cuillères de sirop, de distribution de miettes et de «dialogue social entre partenaires responsables» en veux-tu en voila… L’important, c’est que ces politiques passent et qu’il ne se passe rien pour que tout puisse continuer : l’exploitation capitaliste des travailleurs/euses et des précaires, le profit, le pouvoir, la domination, le pillage des ressources, la dévastation du monde… et «après nous, le déluge»… Nous ne nous faisons aucune illusion sur les élections, les partis, la gauche, la gauche de la gauche, la «démocratie» capitaliste, les inoffensives «insurrections civiques» et les «révolutions citoyennes» policées.
Pour nous l’essentiel n’est pas de voter mais de lutter. À celles et ceux qui vont entrer dans l’isoloir, nous disons qu’il faudra bien réussir à sortir de notre isolement pour lutter collectivement dans les rues, les entreprises, les services publics, les facs, les quartiers...
La crise et les tentatives de minimiser sa visibilité
Car la «crise» est là, certainEs la subissent, d’autres en tirent d’immenses profits. Son rythme, son impact, son ampleur et sa profondeur sont différents dans chaque pays. La Grèce n’est pas l’Italie ou l’Espagne. Mais partout les résistances sociales émergent et les luttes se durcissent (tout comme la répression), même si les médias n’en parlent guère (ne nous dites pas que ça vous étonne…). En France, un certain nombre d’indicateurs économiques et sociaux passent au rouge, lentement mais sûrement : l’intérim est en baisse (environ – 5 % en un an), le chômage en hausse (environ + 5 % en un an, avec des chiffres sûrement trafiqués pour être amoindris), des entreprises ferment ou licencient de ci de là, un peu partout, sans que la plupart du temps on en entende parler au delà de la région (surtout pas de vision d’ensemble), les restos du coeur connaissent une affluence record, le nombre de personnes touchant les minima sociaux augmente aussi. Les effets sociaux de la «crise» vont se faire sentir ici progressivement, dans la durée… Des couches sociales importantes, déjà précarisées, plongent ou vont plonger dans la pauvreté. Et il va devenir de plus en plus difficile pour le pouvoir, les médias et certainEs politicienNEs de minimiser ses manifestations…
Combattre l’isolement, se préparer pour les luttes futures
Les effets de la crise vont s’étaler dans le temps, dans l’espace et toucher les gens de manière dispersée. Le problème de l’isolement des individus et des luttes (lorsqu’il s’en produit/produira) doit être réfléchi. Des tas de chômeurs/euses, de précaires sont ou vont être confrontéEs individuellement à des radiations, des expulsions locatives, des baisses de leurs droits. Dans les entreprises ou les services publics, des luttes contre les licenciements, les restructurations et/ou les restrictions budgétaires ont ou auront lieu, là encore de manière dispersée.
Des réseaux ou des assemblées d’entraide et de lutte, locales, à caractère interprofessionnel, intercatégoriel pourraient aider ces personnes ou ces luttes à sortir de leur isolement, à trouver des appuis, à construire de manière horizontale une solidarité concrète, une capacité d’action collective. L’ouverture de lieux, servant de points d’information, de rencontre et de convergence, et de base pour des activités alternatives et d’entraide renforçant notre autonomie vis à vis du système constitue également une perspective intéressante en terme de résistance sociale.
Nous comptons bien travailler sur ces perspectives dans les mois qui viennent, dans la mesure de nos modestes moyens… avec, toujours à l’esprit, la volonté d’en finir avec ce système d’exploitation et d’oppression.
NI DIEU, NI CÉSAR, NI TRIBUN… NE COMPTONS QUE SUR NOUS MÊMES.
LA LIBERTÉ COMME BUT, L’ÉGALITÉ COMME MOYEN, LA SOLIDARITÉ COMME BASE !
Texte de l'Assemblée Libertaire de Caen