Au 1er septembre, l’Aisne, qui affiche un taux de chômage de 14,9 % de la population active (10,4 % en France), s’avère être le département où le
nombre de chômeurs suivis par un conseiller («le portefeuille») est le plus élevé de France, 175, alors que la moyenne nationale s’établit à 116 (101 dans les Ardennes et 110 dans la
Marne), cachant d’énormes disparités : 191 à Hirson (Aisne), 135 à l’agence Hincmar de Reims (Marne) et 85 à Rethel mais 128 à Sedan, pourtant deux villes des Ardennes.
Et encore, ces données seraient biaisées selon les organisations syndicales. «Les chiffres font croire que tous les conseillers sont à temps plein et ne font que gérer leur portefeuille. Or, 20 % des conseillers sont à temps partiel et, en plus de gérer leur portefeuille, assurent l’accueil, le placement, les relations avec les entreprises, les inscriptions, les dossiers de formation… Il ne reste ainsi que quatre jours par mois pour gérer le portefeuille».
Le directeur de Pôle emploi pour la Champagne-Ardenne avance des chiffres un peu plus élevés, «5 à 7 jours par mois pour recevoir les demandeurs d’emplois».
Ces disparités risquent d’être encore démultipliée par la nouvelle organisation du suivi des demandeurs d’emploi selon leur éloignement du marché du travail. Ce projet, «Pôle emploi 2015» afin de «faire plus pour ceux qui en ont le plus besoin», classe les demandeurs en trois catégories. Désormais, 6 % des chômeurs (7,2 % en Champagne-Ardenne) bénéficient d’un suivi «renforcé et personnalisé», leur conseiller suivant au maximum 70 demandeurs. «Nous en avons 23 dans la Marne et 13 dans les Ardennes», la Picardie en ayant 65. Les autres chômeurs sont répartis dans deux catégories au suivi de plus en plus léger. «C’est très bien, mais l’agence d’Hirson (Aisne) n’a qu’un seul portefeuille renforcé. Au-delà de 70 personnes qui y nécessitent un suivi renforcé, on fait quoi ? Les diagnostics sont alors biaisés. Pareil pour les chômeurs de longue durée, nombreux chez nous, qui, faute de places, se retrouvent avec un suivi qui n’est pas renforcé».
Si «tout ne va pas mal à Pôle emploi, il n’est pas normal qu’un service public traite avec autant d’inégalité les demandeurs d’emploi d’une région à l’autre. Il faut que toutes tendent vers la situation de la Corse»? Dans l’île de Beauté, le portefeuille moyen est de 71 demandeurs…