L'appel d'offres est troublant provenant d'un centre consacré à la recherche nucléaire. Le site du Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) de Valduc (Côte-d'Or) cherche à acheter 4 000 autocuiseurs en acier inoxydable, et ce n'est pas pour son restaurant d'entreprise.
La particularité de Valduc est dêtre une installation nucléaire de base classée secrète par le Premier Ministre. Les équipes du CEA Valduc se consacrent en effet à l'étude et la fabrication des composants nucléaires de la force de dissuasion française. Leurs travaux vont de la recherche - proposer les matériaux les plus performants et les plus sûrs - à la fabrication des composants de l'arme. Ces spécialistes se chargent également de la maintenance des têtes nucléaires et de leur démantèlement, le moment venu. Ils participent enfin à la mise en place de la simulation numérique du fonctionnement des armes, relais, depuis 1996, des essais en taille réelle.
Dans l'appel d'offres consultable sur internet, le CEA précise que ces ustensiles de cuisine devront garantir "un niveau de sûreté et de confinement parfaitement maîtrisés" et seront "destinés au transport de matériaux sensibles". Du plutonium, du tritium ou de l'uranium ?
Stocker des matériaux radioactifs dans des autocuiseurs est approuvé par l'Autorité de sûreté nucléaire défense. Dans Le Parisien, le directeur du CEA de Valduc, admet que près de 10 000 cocottes ont déjà été achetées en 50 ans.
Le CEDRA 52 (Collectif contre l’enfouissement des déchets nucléaires) indique que dans un autre site, à Moronvilliers près de Reims, récemment ce sont des congélateurs neufs qui ont été acquis par dizaines.
A noter que si Moronvilliers va femer à la fin de l'année, ses activités sont transférées à Valduc. La machine radiographique Airix de l’installation a été démantelée puis remontée sur le centre CEA de Valduc. Elle constitue le premier axe radiographique de l’installation Epure, dont la mise en service est prévue en 2014. A terme, l’installation Epure sera dotée de deux axes radiographiques supplémentaires de forte puissance.
Selon le président de la Seiva (sorte de Commission Locale d'information pour le nucléaire militaire), "On peut fabriquer des contenants de radioprotection, mais qui coûteront une fortune, et qui ne seront pas mieux que l'autocuiseur qu'on trouve dans le commerce. Tous les établissements nucléaires font ça dans le monde entier."