En janvier 2012, une étude de l'INSERM jetait un froid dans la région de Chooz. L'Institut national de la santé et de la recherche médicale révélait que le nombre de cas de leucémie infantile était deux fois plus important à proximité des centrales nucléaires qu'ailleurs.
Ainsi, entre 2002 et 2007, 14 enfants vivant dans un rayon de cinq kilomètres autour d'une centrale étaient atteints d'un cancer du sang, là où les chiffres moyens nationaux auraient tablé sur sept cas. Ces chiffres avaient surpris la communauté scientifique (même si l'on sait, depuis le drame de Tchernobyl survenu il y a exactement 26 ans, que les enfants sont plus sensibles que les adultes), et inquiété les populations voisines des 19 sites passés au crible, dont le CNPE de Chooz.
Concernant les Ardennes, aucun chiffre précis n'était cependant révélé. Sur le terrain, une enquête menée auprès de médecins, d'élus et d'associatifs n'avait pas permis non plus de mettre en avant des cas de leucémie infantile. En revanche, les médecins interrogés insistaient sur un nombre grandissant de cancers de la thyroïde dans la Pointe.
Dans ce contexte, beaucoup attendaient avec impatience les conclusions d'une étude belge menée, à partir de 2004, par l'Institut scientifique de santé publique, en collaboration avec l'Agence fédérale de contrôle nucléaire et la Fondation du registre du cancer. Et pour cause : les Belges ont choisi de prendre en compte, parmi les populations vivant dans une zone de 20 km autour des centrales, le site frontalier de Chooz. La question posée était simple : «Est-ce que les personnes qui vivent près de sites nucléaires encourent davantage de risques liés à la santé que la moyenne ?».
Les conclusions rendues publiques mercredi donnent peu de certitudes, en particulier en ce qui concerne le
site ardennais. «Pour la zone autour de la centrale de Chooz, peut-on lire, il n'a pas été possible de tirer des conclusions scientifiques probantes, parce que la région est faiblement
peuplée et que le nombre de cancers est limité». L'étude indique qu'«aucun cas de leucémie infantile aiguë n'y a été observé».
Les scientifiques appellent donc à poursuivre l'étude : «Des recherches plus approfondies sont
nécessaires avant qu'il soit possible de tirer des conclusions scientifiques probantes». Des recherches qui doivent, de l'avis de tous, être menées dans une démarche transfrontalière.
«Concernant Chooz, on ne dispose pas de données du côté français, ce qui empêche toute validation scientifique des données observées côté belge».