Dans son rapport de décembre 2011suite à l'audit lancé après l'accident nucléaire de Fukushima en mars 2011, l'ASN vient de créer un nouveau concept en cas d'accidents nucléaires : 'la défense en profondeur".
Comme vous n'auurez certainement pas le temps de lire les 524 pages de ce rapport, voici la définition de ce concept tel que l'ASN l'a livré.
Le concept de «défense en profondeur»
Le principal moyen de prévenir et d’atténuer les conséquences des accidents est la «défense en profondeur». Elle est mise en oeuvre par une série de niveaux de protection consécutifs et indépendants. En cas de défaillance d’un niveau de protection, ou barrière, le niveau suivant prend le relais. Un élément important pour l’indépendance des niveaux de défense est la mise en oeuvre de technologies de natures différentes (systèmes «diversifiés»).
La conception d’une installation nucléaire est fondée sur une démarche de défense en profondeur. Par exemple, pour les réacteurs nucléaires, on définit les cinq niveaux suivants :
Premier niveau : prévention des anomalies de fonctionnement et des défaillances des systèmes
Il s’agit de choisir pour l’installation une conception robuste et prudente, intégrant des marges de sûreté, résistante à l’égard de ses propres défaillances ou des agressions externes. Ceci implique de mener une étude aussi complète que possible des conditions de fonctionnement normal, pour déterminer les contraintes les plus sévères auxquelles les systèmes seront soumis. Un premier dimensionnement de l’installation intégrant des marges de sûreté peut alors être établi.
Deuxième niveau : maintien de l’installation dans le domaine autorisé
Il s’agit de concevoir des systèmes de régulation et de limitation qui maintiennent l’installation dans un domaine très éloigné des limites de sûreté. Par exemple, si la température d’un circuit augmente, un système de refroidissement se met en route avant que la température ne dépasse la limite autorisée. La surveillance du bon état des matériels et du bon fonctionnement des systèmes fait partie de ce niveau de défense.
Troisième niveau : maîtrise des accidents sans fusion du coeur
Il s’agit ici de postuler que certains accidents, choisis pour leur caractère «enveloppe», c’est-à-dire les plus pénalisants d’une même famille, peuvent se produire et de dimensionner des systèmes de sauvegarde permettant d’y faire face. Ces accidents sont, en général, étudiés avec des hypothèses conservatives, c’est-à-dire qu’on suppose que les différents paramètres gouvernant cet accident sont les plus défavorables possible. En outre, on applique le critère de défaillance unique, c’est-à-dire que dans la situation accidentelle, on postule en plus la défaillance d’un composant quelconque. Cela conduit à ce que les systèmes intervenant en cas d’accident (arrêt d’urgence, injection de sécurité, etc.) soient constitués d’au moins deux voies redondantes.
Quatrième niveau : maîtrise des accidents avec fusion du coeur
Ces accidents ont été étudiés à la suite de l’accident de Three Mile Island (1979) et sont désormais pris en compte dès la conception des nouveaux réacteurs tels que l’EPR. Il s’agit soit d’exclure ces accidents, soit de concevoir des systèmes permettant d’y faire face. L’étude de ces accidents sera réévaluée à la lumière du retour d’expérience de l’accident de Fukushima.
Cinquième niveau : limitation des conséquences radiologiques en cas de rejets importants
Il s’agit là de la mise en oeuvre de mesures de plan d’urgence incluant des mesures de protection des populations : mise à l’abri, ingestion de comprimés d’iode stable pour saturer la thyroïde et éviter qu’elle fixe l’iode radioactif véhiculé par le panache radioactif, évacuation, restrictions de consommation d’eau ou de produits agricoles, etc.
En espérant
qu'aucun accident nucléaire n'arrive en France...