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3 avril 2017 1 03 /04 /avril /2017 12:32
Une élection ne fait pas le printemps

Le n° 269 d'avril 2017 est sorti

Sommaire

Page 3 ÉDITO

RÉSISTANCES

Page 4 Retour sur la marche du 19 mars pour la justice et la dignité

Page 6 Mobilisations lycéennes pour Théo

SOLIDARITÉ MIGRANTS

Page 7 Où en est-on du délit de solidarité et des procès?

Page 8 Calais, le retour des exilés

Page 10 BIG BROTHER

FICHAGE SCOLAIRE

Page 12 Nouveau livret scolaire : mon métier, gestionnaire de données

SOCIAL

Page 14 AVS: précarité dans l'Education Nationale

Page 15 A 17 Vers le stade UBER du Capitalisme?

Page 18 Convergence solidaire : 60 jours de lutte FNAC Champs Elysées

Page 20 PME et intérim: un cas d'exploitation classique

SPECTACLE JUDICIAIRE

Page 22 AZF, une usine qui pue et qui pète: retour sur un procès

GRANDS PROJETS INUTILES

Page 24 Projet d'infrastructure de transport Grand Paris Express

ANTICARCÉRAL

Page 27 Solidarité avec Georges Ibrahim Abdallah

NOTRE MÉMOIRE: LA RÉVOLUTION RUSSE A 100 ANS (3)

Page 28 Parler des soviets aujourd'hui

                                        Edito

Ça nous tape sur l’anti-système !

Que l'on soit châtelain de Saint-Cloud ou de Solesme, avocat d'affaire ou banquier, à la tête de boîtes de «conseil», basiquement énarque ou simplement politicien de carrière depuis trente ans, il est de bon ton ces temps-ci dans notre démocratie statocentriste de pourfendre le système, de retourner la table, bref de marcher vers la révolu­tion. Dans la même veine et avec le même aplomb, après avoir pris des libertés avec l'argent public ou imposé à l'assemblée des lois combattues dans la rue, il sied de s'engager dans les programmes à éclaircir les prodigalités allouées aux élus comme de faire un usage raisonné de lois et pratiques liberti­cides.

«Anti-politisme» démago primaire. Certes, sauf que ...

Sauf qu'à y regarder de plus près, la campagne dé­létère pour la présidentielle révèle l'état de vacuité politique généralisée du moment.

En effet tous les voyants sont au rouge pour les po­liticards et leurs lambeaux de partis; les fausses naï­vetés, les sophismes réitérés autant que les opportunismes navrants ne leur laissant aucune chance d'adhésion populaire. Même cause, même re­mède; même motif, même punition : avec un bel en­semble, ils nous rejouent le psychodrame, devenu une constante de la présidentielle depuis 2002, de la hantise migratoire et de l'insécurité avec pour corol­laire la montée du FN. Tant les affichés démocrates que les républicains - pléonasme ou oxymore ? - ex­hibent naturellement l'extrême droite comme un épouvantail. Comme si ses dogmes et ses pratiques n'étaient pas déjà la base obligée de l'exercice du pouvoir ou du discours pour y accéder:la lutte élec­torale sans merci qu'ils se livrent, au sein même de leurs clans, repose sur la loi du plus fort, la dupli­cité, le déni, la bassesse des mots et le mépris du sens. Tous les excès crasses et les Trump-l'œil tien­nent lieu de règles du jeu dont les dupes seront les non-abstentionnites ; on ne peut guère plus parler d'électeur-trice-s tant le chantage les contraint à un choix par défaut.

Quel est le programme ? Force est de se garder d'employer un pluriel hâtif tant le maillage des pro­positions s'avère être un pot-pourri d'aménagement des besoins du capital dans une France forte et com­pétitive, percluse d'injonctions paradoxales pour le prolétariat soumis à un état d'urgence policier, so­cial, économique et culturel. Car s'il est un système qui repose sur la concurrence internationale, inter­boîte, interpersonnelle, c'est l'économie de marché et son corollaire: la recherche du profit immédiat. Ce n'est à l'évi.1en.ce pas contre ce système-là que se dressent les mentors de la République en danger. Non, il s'agit d'autre chose. Un mal plus sournois, qui s'insinue jusque dans les consciences les plus gaulliennes, les plus résistantes, les plus insou­mises, qui compose un rôle en or pour les comiques troupiers: le déclin de la France! Des immigrés aux faux chômeurs, des smicards jusqu'au-boutistes aux fraudeurs aux allocs, tout ce qui se ligue pour jeter la démocratie en pâture à l'extrême droite. Et de l'ab­négation de s'offrir en personnage providentiel, le rempart à la bébête immonde qui monte, qui monte ...

Car il est acquis, n'est-ce pas, que Marine sera au second tour et que chacun est le seul à pouvoir « ras­sembler» contre le monstre qu'il a contribué à construire et qui désormais lui échappe: Car ce se­rait faire injure à l'intelligence du commun que d'ignorer que c'est bien autour de la fachosphère que s'opèrent toutes ces révolutions. On est effective­ment dans l'aspiration à (ou par?) un autre système gravitationnel de la classe politique: un sorte de trou brun qui bouffe tout objet social qui s'en approche et le recrache sous forme désintégrée. Pourtant ils tournent ...

Alors, de quel système faudrait-il s'échapper?

D'une politique entrepreneuriale professionnalisée, faite de constructions structurelles et aux montages financiers qui permettent la survie des partis pour eux-mêmes. On s'habitue à ne voir que ce qui est mis en lumière: le noyau. Or c'est une nébuleuse d'as­sociations, de clubs de réflexion, de micro-partis, d'interactions avec le monde au bizness ... qui gravi­tènt autour des maisons mères. Faire la retape, caser son monde aux postes-clefs, glaner du fric, trouver les opportunités plus au moins légales pour le faire ... Une fois aux manettes les plus hardis s'entichent de guest-stars de la « société civile» : représentant-e-s d'assos pare-feu ou experts, dont la sociologie ne dé­pareille pas trop et s'améliore encore au contact des sous-secrétariats.

Les anti-systèmes en lice n'offrent guère d'alter­native optimiste. Soit la lutte des classes est écrasée par les dominants, soit elle est déclarée caduque au nom d'un consensus d'union nationale, où chacun-­chacune devra faire un effort, etc., soit on fait mine de prendre les rapports d'exploitation et de d'aliéna­tion en compte mais sans espoir de la suppression des dites classes.

Que choisiront les victimes aux urnes: un régime durable? Une France millénaire? Une sixième Ré­publique?

Pourquoi pas l'An 01 ?

Boulogne sur Mer, le 17 Mars 2017

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