Le 15 juin 2011, cinq gangsters s’emparent d’exactement 1 625 868 € dans les locaux ardennais de la société Loomis à Villers-Semeuse. Franck est viré par la société de convoyage de fonds, laquelle a, peu de temps après, délocalisé son entrepôt à Reims.
Dans un courrier du 11 juillet 2011, elle écrivait que le salarié «a complètement négligé l’aspect sécuritaire», et que «l’accumulation de (ses) carences a grandement participé au succès de l’opération des malfaiteurs». L’entreprise dénonçait en particulier la somme déposée sur le «passe-charriot», «plus de dix fois supérieure» aux 114 000 euros indiqués, sur l’engin, par un simple autocollant…
En première instance, les prud’hommes de Charleville avaient donné raison à la Loomis, laquelle estimait que le manque de professionnalisme» de son cadre a facilité le braquage.
Les juges la chambre sociale de la cour d’appel de Reims ont, au contraire, démontré l’absence de preuves apportées pour justifier un licenciement disciplinaire. Au fil du jugement, la cour décline les arguments en faveur de l’ancien responsable des entrepôts de Villers et Reims. En 2010, son évaluation pointe ainsi «ses bons résultats et est vide de remarques dans la rubrique Points à améliorer». En juin 2011, le rapport d’enquête post-braquage «ne stigmatise pas la présence des fonds sur le chariot comme ayant été déterminante de la réussite du vol» (l’assurance de la Loomis n’a rien trouvé à redire sur ce point). En revanche, les enquêteurs ont mis en avant l’absence de «dispositif anti-bélier», un des rares points que la Loomis n’a justement pas reprochés à son salarié !
Dans un arrêt du 18 janvier 2017, la chambre sociale de la cour d’appel de Reims a donné raison à cet Ardennais aujourd’hui exilé dans le Nord, en condamnant la société à lui verser 100 000 € de dommages et intérêts pour licenciement sans cause réelle et sérieuse, et 5 000 € au titre du préjudice moral. La société devra indemniser l’assurance chômage pour les indemnités versées (dans la limite de 6 mois).
Au final, c’est donc le géant mondial (21 100 employés, dont 3 600 en France), qui devra dédommager Franck. Une victoire pour son avocat. «Au-delà des importantes sommes d’argent obtenues, c’est la fin d’un long combat judiciaire qui permet de restituer à mon client son honneur professionnel. Aujourd’hui, la vérité du dossier c’est que rien ne pouvait lui être reproché».