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25 mai 2016 3 25 /05 /mai /2016 10:01
Loi travail : vers un arrêt total de production à la centrale de Nogent

La contestation contre la réforme du Code du travail va-t-elle ralentir la production d'électricité en France ?

“C’est en ce moment que se joue le sort du [projet de] loi travail, donc c’est maintenant qu’il faut agir. Jeudi, nous appelons donc le personnel à participer au mouvement et à faire monter la pression, que ce soit par des baisses de charge ou des coupures sur le réseau. Des coupures électriques ont déjà eu lieu aujourd'hui (mardi) dans plusieurs quartiers de Nantes ainsi que dans le plus grand centre commercial d'Europe à Marseille, mais les baisses de charge pourraient être plus importantes jeudi”, argumente la porte-parole de la fédération CGT-Energie. Certaines sections FO s’associent à ce mouvement.

Au RTE, les salariés ont su une nouvelle fois se faire entendre avec plus de 33 % de grévistes et en intervenant sur l’outil de travail pour s’opposer à l’ouverture du capital. Des lignes 63 et 220kV ont été coupées, ainsi 17 500 foyers Nantais ont goûté avant l’heure aux conséquences de la déréglementation à venir, avec une rupture d’alimentation électrique...

Dans le sillage des blocages de raffineries et de dépôts de carburants, qui provoquent un début de pénurie dans les stations-service, les salariés de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine (Aube), réunis en assemblée générale mardi 24 mai, ont voté le principe d’une action forte à partir de mercredi à 22 heures (grève et arrêt de la production d'électricité).

"Notre but n'est pas de faire tomber le réseau, mais on passe au cran supérieur. La baisse de charge pourrait conduire à l’arrêt des deux réacteurs", assure Arnaud Pacot, le secrétaire général du syndicat CGT-Energie de l'Aube.

Lorsqu'elles fonctionnent normalement, les deux tranches nucléaires de la centrale produisent 2 600 mégawatts, précise le syndicaliste. Les grévistes veulent faire tomber la production à zéro. La procédure de relance des réacteurs dure entre 3 et 5 jours, selon Arnaud Pacot.

Un barrage filtrant va être mis en place jeudi, dès 5 heures du matin. Les équipes de conduite des unités de production prennent, en effet, leur poste à 6 h. C’est à ce moment-là, jeudi, que les agents décideront s’ils engagent ou non une baisse de charge qui ne sera possible que “si la tranche est manœuvrable”.

L’unité de production nº1, en arrêt depuis mardi suite à un défaut technique en dehors de la partie nucléaire, pourrait redémarrer normalement ce mercredi. “On fera en sorte de ne pas le redémarrer. Quant au réacteur n°2, il y aura une baisse de charge, avec l'idée de l'arrêter totalement”. La mise à l’arrêt est d’autant plus médiatique et sensible qu’il s’agit de la centrale la plus proche de Paris. L’impact des perturbations sur le réseau électrique était mardi soir imprévisible.

Arnaud Pacot ajoute que la centrale avait déjà connu des baisses de charge "de l'ordre de 15 à 30 %" lors des précédentes journées d'action contre la loi Travail. Les précédentes journées de grève contre le projet de loi El Khomri se sont déjà traduites par des baisses de charges cumulées de 10 000 à 13 000 mégawatts dans les centrales nucléaires françaises, avance le dirigeant syndical.

Ce n’est sans doute pas un hasard si c’est la CGT-Energie de l'Aube qui a pris la décision de l’arrêt de production d’une centrale nucléaire. Ses positions très revendicatives, en particulier vers les trimardeurs du nucléaire, pour lesquels elle demande l’application pleine et entière de la convention collective applicable aux travailleurs d’EDF, font souvent grincer des dents la Fédération CGT-Energie.

Dernière minute : la direction précise que les grévistes qui sont d’astreinte sont tenus de venir sur site en cas de besoin. Il faut aussi savoir qu’EDF a la possibilité de réquisitionner des salariés grévistes dans le secteur du nucléaire. L’entreprise l’avait fait au moment du mouvement de grève en 2009. Toujours selon la direction, l’unité de production nº1 pourrait redémarrer normalement ce mercredi.

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