Le groupe japonais Maruyasu, propriétaire de WTX, ne souhaitant plus injecter de l’argent (10 millions en dix ans) pour éponger les dettes de son usine ardennaise, Godart à Fumay, qui devait fermer ses portes en décembre 2013, il fallait trouver un repreneur.
Clément Brochon, PDG de CLB Conseil, un cabinet de conseil aux entreprises, s’est entouré de nombreux patrons afin de trouver une solution industrielle pour sauver Godart.
En décembre 2013, Godart devient Fab21, conservant ses 81 salariés. L’entreprise bénéficiera alors de 3,14 millions d’euros d’investissements de WTX et continuera, jusqu’en 2015, à produire des pièces pour le groupe. La nouvelle société créée profitera par ailleurs d’exonérations liées à la zone franche. Fab21 sera présidée par Jean-Michel Coutellier, jusqu’ici directeur de Godart.
Le président de Fab21 est viré sans ménagement par son actionnaire pendant le week-end de la Toussaint, l’actionnaire lui reprochant de ne pas avoir signé la lettre d’embauche de son… propre successeur.
Pendant 2 jours, les salariés vont se mettre en grève… pour soutenir leur patron historique. Le dossier Fab21 est repris en main par l’État. Trois réunions sont organisées en présence du préfet des Ardennes, du commissaire au redressement productif de Champagne-Ardenne, Nicolas Fourrier, et de Zdenka Avril, nouvelle responsable de la Direccte des Ardennes (direction du travail). Au terme de longues heures de négociations pour trouver une sortie de crise, un accord a été ratifié, hier.
Jean-Michel Coutellier sort vainqueur du bras de fer qui l’opposait à son actionnaire. Dès hier, il a repris la présidence de Fab21 et il conserve 86 salariés. Le cœur de l’activité de l’entreprise demeure la production de pièces automobiles, de tubes et la transformation de tubes. Clément Brochon, quant à lui, ne garde que trois salariés qu’il venait d’embaucher pour la petite activité design de l’usine. Celle-ci prendra une forme juridique distincte de Fab21. Cette nouvelle entreprise devrait s’installer prochainement à Charleville-Mézières.
Autres surprise du dossier. Sans aller jusqu’à créer une Scop (société coopérative ouvrière de production), Fab21 appartiendra désormais à ses employés. Le capital, estimé à 3,1 millions d’euros, sera divisé à parts égales entre tous ceux qui le souhaitent. Pour rappel, 10 % de Fab21 aurait déjà dû l’être, selon la proposition faite initialement par Clément Brochon, mais celle-ci était restée un vœu pieux. Désormais, Fab21 sera donc détenu par ceux-là même qui ont poussé leur actionnaire vers la sortie.