«Même si on voit la situation se dégrader, ces chiffres sont quand même surprenants. On ne peut que tirer la sonnette d’alarme !». Jeudi, dans une étude nationale rendue publique, le Secours populaire estimait en effet que «la pauvreté s’étend et s’enracine».
Tous les feux glissent vers le rouge écarlate : après avoir payé loyer et charges incompressibles, les personnes aidées par l’association vivent en moyenne avec 5,60 euros par jour et «672 euros à quatre (alors que le seuil de pauvreté est de 977 euros mensuels)» ; selon le huitième baromètre annuel Ipsos sur la perception des pauvretés par les Français, «66 % disent avoir un proche dans la précarité» ; «86 % disent craindre la précarité pour leurs enfants» et «43 % déclarent ne plus être en mesure de mettre de l’argent de côté à la fin du mois».
Le nombre de familles bénéficiant sur le département de la Marne de l’aide alimentaire a été de nouveau battu lors de cette rentrée, pour laquelle 2 717 d’entre elles, soit 9 509 personnes, se sont inscrites. «C’est 10 % de plus qu’à la rentrée 2013, et ce chiffre augmentera en novembre-décembre comme tous les ans». Et environ deux fois plus qu’en 2006… À partir des permanences de Reims, l’association née en 1936 a affiné le profil des familles aidées en quatre catégories : 40 % sont des «familles monoparentales», catégorie en nette hausse depuis des années, 32 % sont des «couples avec enfant», 23 % des « personnes seules sans enfant » et 5 % des « couples sans enfant ». Parmi les familles aidées, 57 % des «chefs de famille» sont au chômage, ce qui signifie que 43 % possèdent un emploi… «Moins payées, plus précaires, les femmes sont particulièrement touchées par la pauvreté».
Et si le nombre de pauvres augmente, les dons faits à l’association apparaissent quant à eux en baisse sensible depuis deux ans. Un chiffre, encore : 348 tonnes de produits alimentaires avaient été distribuées en 2010, 465 en 2011, 389 en 2012 et… 306 en 2013. Parmi les sources d’approvisionnement, seuls les collectes et dons du Secours populaire se révèlent stables ; en revanche, les achats, déterminés par les capacités financières de l’association, ont baissé d’un tiers ainsi que les dotations PEAD (fonds européen d’aide aux plus démunis) et PNA (programme national d’aide alimentaire). Pas de quoi envisager l’avenir avec optimisme.