Tous trois seront en tête de la liste CFDT lors des élections professionnelles du 24 avril. Ils ont tous les trois été convoqués vendredi dernier pour une «procédure disciplinaire».
Depuis plusieurs années, les deux premiers sont en conflit ouvert avec leur employeur, United Savam. La société, dont le site se trouve à Villeneuve-Saint-Germain fait partie du du groupe Norbert Dentressangle.
Le malaise au sein cette entreprise de transport n’est pas nouveau. Plusieurs plaintes ont été déposées pour harcèlement, et une enquête de police est en cours à ce sujet. D’autre part, au moins quatre dossiers de licenciements irréguliers sont examinés à l’heure actuelle au conseil des Prud’hommes.
Stéphane, délégué syndical FNCR, a déjà fait l’objet d’une procédure de licenciement l’année dernière. "J’ai été mis à pied durant quatre mois. Autant de temps sans salaire, ça fait vraiment très mal". En tant que représentant du personnel, cette procédure était soumise à accord de l’inspecteur du travail. Ce dernier l’a estimée non justifiée. L’employeur a alors poussé le dossier devant le tribunal administratif. La juridiction s’est prononcée une nouvelle fois en faveur du salarié en mars dernier. Moins d’un mois après, il est donc de nouveau dans le viseur de la direction. "Lors de l’entretien de vendredi, ils ne m’ont pas exposé les raisons. Je pense qu’ils vont sûrement tenter de m’accuser d’un vol de marchandises".
Brahim, de son côté anticipe d’être désigné comme auteur des dégradations sur un poids-lourd. "Ils m’ont attribué un camion pourri et on me reproche de l’avoir cassé, ce que je n’ai pas fait". Ce dernier a d’ailleurs bien pris soin de prendre des clichés de l’ensemble des parties de l’ensemble routier lorsqu’on lui a attribué...
Concernant Martial, adhérent depuis un peu plus de six mois au syndicat, "il a été convoqué pour s’expliquer sur une agression dont il a été victime". En tout cas, depuis qu’il a rejoint les rangs de la CFDT, "il vit des conditions de travail troublantes : suppression du camion attitré, insultes, irrégularités sur son bulletin de salaire".
Après sa mise à pied dans le cadre d’une procédure de licenciement, Stéphane a téléphoné à l’un des collègues en disant qu’il faudrait «l’enterrer avec un camion rouge». La couleur des poids lourds du groupe. Il a été retrouvé par les sapeurs-pompiers et les gendarmes en Seine-et-Marne. Il n’avait ni bu ni consommé de produits stupéfiants. Il était juste au bout du rouleau. En mars 2013, dans les mêmes circonstances, un autre chauffeur routier de Norbert Dentressangle avait voulu en finir dans son camion. Après une sanction disciplinaire pour une erreur qu’il avait contestée à l’été 2012, les échanges de courrier avec sa direction n’avaient pas cessé. Fin février, il recevait par recommandé une convocation à un entretien préalable à une éventuelle sanction…
"L’attitude revendicative de l’équipe CFDT dérange mais le non-respect, les causes troubles de licenciement et la non reconnaissance de la pénibilité des conditions de travail l’ont poussé à accomplir ses missions". Une tentative de leur hiérarchie d’entraver leur candidature ?