Les hommes de l'antiterrorisme ont frappé un grand coup au sein de la communauté kurde, tôt, hier matin, à Reims. Des policiers de la SDAT (sous-direction antiterroriste), montés tout droit de la Capitale et de la PJ de Reims, sont en effet intervenus simultanément à l'heure du laitier au domicile de plusieurs individus de nationalité turque, soupçonnés d'avoir commis des actes en rapport avec une entreprise terroriste. Au total, sept personnes ont été interpellées avant d'être conduites un peu plus tard dans les locaux de la cellule anti-terroriste de Levallois-Perret, en région parisienne, où elles ont été placées en garde à vue pour une durée maximale de 96 heures.
Les policiers de la SDAT agissaient dans le cadre d'une information judiciaire conduite par le juge parisien Thierry Fragnoli, du pôle antiterroriste. L'enquête avait été ouverte en septembre 2011 à la suite d'une tentative d'extorsion de fonds commise sur un restaurateur rémois. Ils sont en l'occurrence suspectés d'avoir tenté d'extorquer l'argent de ce restaurateur de la cité des sacres, lui aussi de nationalité turque, pour qu'il participe à la lutte commune et en particulier au financement du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), un mouvement considéré comme terroriste par la Turquie, l'Union Européenne et les États-Unis.
Mais devant les enquêteurs antiterroristes, tous ont nié les faits qui leur sont reprochés. Lors des perquisitions, les policiers n'ont, quant à eux, retrouvé à leur domicile ni arme ni argent.
Alors, quel intérêt aurait la France à chercher à connaître les rouages financiers d'un mouvement terroriste tel que le PKK, lequel ne représente aucune menace sur le sol français ? C'est la question que soulève leur avocat marnais pour qui l'action de la SDAT menée hier matin à Reims, servirait en réalité «une opération politique habilement menée par Nicolas Sarkozy afin de s'octroyer le vote communautaire et recoller les morceaux avec la Turquie», en froid avec l'État français depuis le vote du texte de loi portant sur la reconnaissance du génocide arménien.
Il reste désormais moins de 72 heures de garde à vue aux policiers de la SDAT pour apporter les preuves d'une éventuelle implication de ces sympathisants du PKK dans ce dossier. Et pour cela, leurs comptes bancaires devraient être passés à la loupe.