Se vendre pour un plat de lentilles leur sert de programme.
En 97, Ils arrivent aux affaires dans le gouvernement Jospin : ministère de l’environnement et de l’aménagement du territoire pour Dominique Voynet – juin 97-juillet 2001 –, puis pour Yves Cochet (Juillet 2001-mai 2002). Bilan ? La part du nucléaire continue de monter jusqu’à 80 % de l'électricité produite, Voynet signe une dizaine de décrets favorables au nucléaire comme l’introduction du MOX à Chinon et l’érection de deux tranches à Civaux, l’autorisation du chantier pour l’enfouissement de déchets radioactifs à Bure, etc.
En 2002 ils présentent à l’élection présidentielle une de leurs icônes, Noël Mamère, celui qui quelques années plus tôt, en 1997 chantait les louanges de Superphénix «le prototype les plus évolué de cette filière à neutrons rapides» qui considèrent que «ces centrales sont très économes en combustible et présentent une parade à toute crise et pénurie d’énergie» et pour finir «le paradoxe de cette industrie nucléaire dont la France s’est dotée d’abord par la volonté d’indépendance nationale et qui finalement aura été pour elle l’occasion d’une nouvelle ouverture sur le monde»* (en vendant des centrales sur tous les continents, en traitant les déchets de la planète, en pillant l'Uranium un peu partout, et en exportant du courant !).
L’année suivante (1998) il adhère aux Verts sans que nul n’y trouve à redire. Non que les militants de base approuvent les paroles de l’ancien Noël, mais que, entre le bénéfice supposé de l’adhésion d’un député connu (Gironde) et quelques entorses à la ligne, il n’y a pas photo. Médiatisation et notabilisme sont durablement installés.
On peut à la rigueur considérer qu’à cette époque pas mal de Verts de base on dû avaler des couleuvres pour le prix du pouvoir et du «réalisme» mais ce n’est plus le cas à présent. La composition sociale et l’histoire des militants a changé. S’ils étaient majoritairement issus des mouvements antinucléaires des années 1970, ce sont maintenant des apparatchiks, qui ont grimpé dans le parti en prenant des places dans les instances régionales et municipales, qui sont majoritaires.
Plus que de luttes de terrain ils sont idéologiquement (et souvent matériellement) liés à un néo-entrepreunariat consacré aux énergies alternatives et aux préoccupations de quelques classes moyennes, «éduquées» comme on dit, qui ne veulent pas de nucléaire dans leurs assiettes confortablement posées sur des tables en bois «équitable» dans une maison politiquement correcte et qui sont prêt à assumer une part de nucléaire pour conserver ce confort. Ce sont les promoteurs d’un capitalisme Vert, créateur d’emplois verts, zélateur d'une croissance verte et de rapports d’exploitation… verts.
Actuellement, en terme de stratégie politique ils sont porteur d’un unique message : voter massivement pour eux pour être mieux à même de faire pression sur leurs partenaires socialistes dans la perspective du second tour de la présidentielle de 2012.
Or il n’est qu’à voir ce qui se passe en Allemagne pour comprendre que c’est l’inverse qui se passe, à savoir que ce sont les socialistes qui exercent les pressions sur les écologistes. Ainsi la direction du parti est parvenue à imposer aux députés de Die Grünen d'accorder leur soutien au gouvernement conservateur-libéral de Merkel lors du vote du Bundestag sur l'abandon du nucléaire à l’horizon 2022, à contre-courant de l'opinion dominante au sein du parti écologiste favorable à un arrêt des centrales dès 2017, et ce au prix du maintient des Verts dans les coalitions diverses et variées avec la droite.
Et c'est bien ce que nous avions déjà vu ici en 2004 quand au Conseil régional de Base Normandie quand les élus verts avaient laissé passer une motion favorable à l'implantation de l'EPR à Flamanville sous prétexte de ne pas «ne pas mettre en difficulté un exécutif de gauche récemment élu». …
En définitive c’est Denis Baupin qui résume le mieux ce que sera l’accord avec le PS : «il y aura des négociations, nous pouvons discuter sur le calendrier, ce qui est important, c'est qu'au moment de cet accord le signal soit "On va faire la fin du nucléaire"». Ce qui est une évidence, le nucléaire n’est pas éternel et, par définition, on va vers sa fin. Quand et comment, c’est une autre question, seul compte l'effet d'annonce, tant les promesses n'engagent que ceux et celles qui y croient….
Pour le parti écologiste la quadrature du cercle c’est d'exister en dehors du PS et de ne pas se ranger derrière une candidature unique en 2012 que beaucoup souhaitent. Et le prix c’est à la fois l’appui franc aux politiques d’austérité et l’acceptation d’un arrêt progressif dans 30 ans. Moyennant quoi nous auront peut être, comme en 81 avec Plogoff et le Larzac, ou comme en 97 avec Superphénix une ou deux mesures symboliques concernant l’abandon de projets déjà condamnés.
Extrait de Courant alternatif 213, octobre 2011