Chaque centrale nucléaire devrait être équipée de deux groupes électrogènes de secours à moteur diesel1. En cas de perte des deux sources électriques externes, ces groupes permettent d’alimenter en électricité et assurer le fonctionnement des systèmes de sauvegarde qui seraient mis en œuvre en cas d'accident. Ces groupes sont redondants, situés sur deux voies indépendantes (A et B) séparées physiquement l’une de l’autre. En cas d’accident, un seul groupe électrogène est suffisant pour assurer l’alimentation des matériels de sauvegarde du réacteur. Certains éléments de ces diesels sont flexibles et rattachés au génie civil. Ces éléments véhiculent l’eau, l’huile, le carburant et l’air nécessaires au bon fonctionnement du diesel.
Par un communiqué d’EDF du 7 mai 2017, on apprenait que plusieurs tranches de centrales nucléaires, dont Nogent-sur-Seine, faisaient l’objet d’anomalies au niveau des groupes électrogènes de secours à moteur diesel.
Par un communiqué de l’ASN (Autorité de Sureté Nucléaire), on apprenait qu’ EDF avait déclaré en 2017 un événement significatif pour la sûreté portant sur l’absence de démonstration de résistance au séisme des ancrages dans le génie civil de systèmes auxiliaires des groupes électrogènes de secours à moteur diesel (diesels de secours) de de ses réacteurs électronucléaires de 1300 MWe. L’ASN avait classé cet événement au niveau 2 sur l’échelle INES. L’évènement recouvre à la fois des problèmes de conception génériques à l’ensemble des réacteurs concernés et des problèmes locaux liés à un mauvais état ou à un mauvais montage des ancrages. L’ASN a classé aussi au niveau 2 de l’échelle INES cet événement significatif pour 11 réacteurs supplémentaires : les réacteurs 1 et 2 de la centrale nucléaire du Blayais, 1 à 6 de la centrale nucléaire de Gravelines, 1 et 2 de la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux et 2 de la centrale nucléaire de Chinon.
Cet événement est par ailleurs classé au niveau 1 de l’échelle INES pour les réacteurs 3 et 4 de de la centrale nucléaire du Blayais, 2 de la centrale nucléaire de Dampierre-en-Burly, 1 de la centrale nucléaire de Cruas-Meysse, 1, 3 et 4 de la centrale nucléaire de Chinon et 1, 2, 3 et 4 de la centrale nucléaire du Tricastin car ils sont également affectés par cet écart mais à un degré moindre.
Les contrôles complémentaires ont également révélé de nouveaux défauts de résistance au séisme pour les réacteurs de la centrale nucléaire de Paluel, de Saint-Alban, de Belleville-sur-Loire et pour le réacteur 2 de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine. Pour ces réacteurs, les défauts sont de même nature que ceux ayant déjà fait l’objet des notes d’information précitées.
Non tenue aux séismes de flexibles de diesel de secours
Fin 2018, la centrale du Tricastin a mis en évidence un risque d’interaction de certaines parties solidaires des diesels (flexibles) avec le génie civil ou avec des parties fixées à celui-ci. Suite à ce constat, un programme de contrôles a été déployé pour tous les réacteurs du parc nucléaire en exploitation.
Selon le nombre de voies concernées, la nature du génie civil environnant et le niveau de séisme considéré (SMHV ou SMS)2, le risque en cas de séisme n’est pas le même pour tous les réacteurs.
Par ailleurs, pour EDF, même si un constat a été identifié, il n’est pas certain que les flexibles seraient inopérants. Ces matériels sont en effet armés et intrinsèquement robustes. Une perte de fonctionnalité temporaire serait sans incidence. Toutefois, par prudence et de manière très pénalisante, cette déclaration considère la perte effective et définitive de la fonction de chaque flexible pour chaque cas d’interaction possible entre ce flexible et la structure fixe environnante. Chaque constat a été aussitôt traité, à l’exception de ceux présents sur la voie A du réacteur n°4 de Paluel, actuellement à l’arrêt.
Le 6 mai 2019, à défaut d’avoir pu démontrer le maintien du bon fonctionnement de ces flexibles en cas de séisme de niveau SMHV sur les deux diesels de secours, EDF a déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire un événement significatif générique au niveau 2 de l’échelle INES pour les réacteurs de Gravelines, de Paluel et de Civaux.
Les constats identifiés ont également conduit à déclarer un événement significatif générique classé au niveau 1 de l’échelle INES pour les réacteurs de Cruas, Nogent sur Seine et le réacteur n°3 de Tricastin (pour ces réacteurs, EDF a démontré qu’au moins un des deux diesels resterait fonctionnel en cas de séisme de niveau SMHV) et au niveau 0 sous l’échelle INES pour les réacteurs de Fessenheim, Saint Laurent des Eaux B, n°3 de Dampierre, n°2 de Tricastin et n°1 de Blayais. Pour ces réacteurs, EDF a démontré qu’au moins un des deux diesels resterait fonctionnel en cas de séisme de niveau SMS.
Ceci concerne la 1ère anomalie. Mais pour la 2nde anomalie, rien ne transparait pour l’instant. Celle-ci est-elle liée à la visite décennale de l’unité de production nº 1, débutée en avril, temps fort du grand carénage qui doit permettre d’allonger la durée de vie à 60 ans ?
1 EDF ayant déclaré rencontrer des difficultés pour installer ces groupes électrogènes de secours, l’ASN a décidé de modifier le calendrier de mise en service des groupes électrogènes à moteur diesel d’ultime secours (DUS). L’ASN a assorti ce rééchelonnement, qui s’étend jusqu’au 31 décembre 2020, de prescriptions relatives au contrôle de la conformité des sources électriques existantes.
2 Le dimensionnement des systèmes d’une centrale nucléaire implique la définition de deux niveaux de séisme de référence : le séisme maximal historiquement vraisemblable (SMHV) qui est supérieur à tous les séismes s’étant produit au voisinage de la centrale depuis mille ans, et le séisme majoré de sécurité (SMS), séisme hypothétique d’intensité encore supérieure.