Avec 650 mâts, la Champagne-Ardenne est la première région de France productrice d’électricité d’origine éolienne. Dans une volonté de développer cette transition énergétique en France, le distributeur d’électricité ERDF a lancé une expérimentation à taille réelle dans l’Aube.
Nom de code : Venteea, comme «Voir l’énergie naturelle transformer l’exploitation de l’électricité dans l’Aube». Plus précisément à Vendeuvre-sur-Barse où le poste source est désormais dédié à une expérimentation dont les résultats sont scrutés de près au niveau national. Venteea est un partenariat de 8 industriels : ERDF qui assure la coordination du projet, Général Electric, Schneider, EDF, ENEL Green Power France, SAFT, RTE, MADE et 2 universitaires l'Université Technologique de Troyes et le L2EP (Centrale Lille). Son coût s’élève à 23,4 millions d’euros, dont 8,7 millions financés par l’Ademe. Déployé depuis le 6 décembre 2012, il doit durer 3 ans.
L’enjeu est de taille : comment convertir une énergie renouvelable (éolien, photovoltaïque…), avec tout ce qu’elle comporte comme intermittence, en courant continu chez le particulier. Le réseau électrique n’a pas été conçu pour être adapté à la production éolienne, intermittente et aléatoire. L’éolien pose une problématique de raccordement, sachant que la production éolienne est très diffuse sur le territoire, alors que la production des centrales électriques est reliée au réseau via de grandes artères.
«Aujourd’hui, personne ne se pose la question de savoir quelle est la tension dans la prise de courant avant de brancher son smartphone ou sa télévision. Si on ne se pose pas la question, c’est que nous, distributeur, on fait un certain travail pour réguler cette tension en permanence. L’enjeu aujourd’hui est de faire en sorte qu’il n’y ait pas plus de tension lorsqu’il y a des éoliennes qui envoient du courant dans le réseau».
Il s’agit donc de réguler la tension en cas de forte production, mais aussi de remonter la tension lorsque le vent tombe. Et le tout, sans que le client ne s’en aperçoive.
Depuis avril 2013, «une couche intelligente» a été posée à Vendeuvre pour traiter toutes les informations des différents points du réseau afin d’avoir une meilleure gestion en temps réel. De nouveaux capteurs seront posés dans les prochaines semaines.
Et d’ici la fin de l’année, un équipement censé stocker physiquement l’énergie électrique - une capacité de 2 mégawatts, soit 30 minutes de consommation - sera installé au pied des éoliennes.
Grâce à Venteea, à la fin 2015, transporteurs, distributeurs et producteurs d’énergie seront en mesure d’apporter des nouveaux outils pour mieux gérer les flux électriques dans l’avenir.