Selon l'Agence régionale de santé (ARS), la Picardie est la deuxième région en taux de mortalité tous âges et prématurée. 17 % de sa population est en affection de Longue Durée (ALD) et entre 2008 et 2032, 45 % des Picards seront âgés entre 70-79 ans. L'offre de soins en ville est inférieure à la moyenne nationale et seulement un médecin sur dix qui s'installe en Picardie est en médecine libérale. 45 % des nouveaux médecins s'installant ont un diplôme étranger. Un patient sur quatre se fait opérer hors des départements picards.
Le directeur de l'ARS a présenté au conseil général les grandes lignes du schéma organisationnel du territoire santé de l'Aisne.
L'un des schémas forts est la territorialisation. Deux territoires pour l'Aisne : Haute Somme/Aisne nord et sur et Aisne sud avec deux hôpitaux infra-régionaux (CHU Amiens étant régional) par département. Saint-Quentin et Soissons dans l'Aisne. Les hôpitaux de Chauny, Laon et Château-Thierry étant des hôpitaux intermédiaires : médecine, chirurgie et obstétrique. Enfin, les hôpitaux de «proximité» : Guise, Hirson et La Fère, Le Nouvion-en-Thiérache et Vervins. Ces sites se situant dans un maillage du territoire répondant à un lieu d'intervention de moins de 30 minutes d'un centre hospitalier. Voilà comment se dessine la carte hospitalière dans l'Aisne.
Pour réaliser des économies, on choisit de réduire les dépenses. La prévention en est une modalité avec quatre priorités propres : le cancer, l'obésité, la maternité précoce et le suicide.
Le volet ambulatoire (pharmacien, kiné, infirmier, médecin libéral) a été aussi défini avec la volonté d'organiser «le premier recours». Ce qui est novateur a insisté le directeur de l'ARS, avec des incitations volontaristes : contrat à s'installer en zone prioritaire. Un schéma qui se dessine notamment avec les maisons de santé. Sept existent déjà et sept autres sont en projet.
L'organisation du schéma de la santé publique fait débat au sein des clivages politique.
Côté majorité départementale, le PS s'est montré pondéré sur l'absence de lits en unité de soins palliatifs. Il lui paraît opportun une réflexion vers une plate-forme commune entre le 15 et le 18 (service urgence/pompier). Les radicaux de gauche se sont montrés très déterminé en exigeant que l'hôpital de Château-Thierry soit intégré dans la catégorie des structures infra-régionales.
Pour le PCF, «Ce sont les logiques comptables qui l'ont emportées sur l'offre de soins. La RGPP (révision générale des politiques publiques) envahit l'hôpital public. Je demande un plan d'urgence pour l'Aisne. L'état de la santé axonaise, au fil des années se dégrade».
L'UMP s'est montrée beaucoup plus conciliante : «Il y a des choix à faire. Conserver Château-Thierry au détriment de qui : Laon ou Soissons ? Cette restructuration est, aujourd'hui, nécessaire. Il faut absolument y associer les professionnels de la santé».
Si la messe est loin d'être dite, on voit, toutefois, bel et bien se dessiner la future carte hospitalière, même si des ajustements peuvent encore bonifier le projet.