Chez les facteurs de Saint-Quentin
La plate-forme de Saint-Quentin a été réorganisée le 26 juillet. Elle compte 170 agents, tout métier confondu. «Il y a 14 positions de travail en moins, un facteur sur deux n’a pas été remplacé et il y a les temps partiels pour les seniors», selon un délégué syndical. Vingt-deux «positions de travail» (postes) ont été supprimées dans divers métiers.
Les tournées ont donc été réorganisées. «On nous a enlevé 200 clients pour nous en rajouter 400 ou 500». Ce qui, dans le jargon, signifie, deux ou trois rues en moins pour en récupérer le double d’autres tournées. «Nous devons faire de plus en plus de «frigo». Le courrier est retardé». Le facteur remet au lendemain les courriers les moins urgents pour finir sa tournée à l’heure. «Nous devons finir à 13 heures. Si nous finissons plus tard, nous ne sommes pas payés en heures supplémentaires».
Des nouvelles tâches s’ajoutent à cette réorganisation. «Nous devons faire les relevés ErDF-GrDF, nous pouvons aussi livrer des fleurs… De nouvelles prestations qui ne nous sont pas payées. Le métier doit évoluer, c’est sûr, mais nous en arrivons à un point où nous n’avons pas le temps de dire «bonjour». C’est dommage. Quand nous revenons tard d’une tournée, il nous est reproché d’avoir trop traîné sur les tournées et d’avoir parlé avec les clients».
Selon la direction, le surplus de travail du mois d’août serait en partie dû «aux congés», la «panne d’une machine» (entraînant un surcroît de travail pour les facteurs et l’encadrement) et «l’arrivée des impôts». Autrement dit l’activité est haute et devrait baisser. «Il s’agit de difficultés passagères dans une organisation qui vient d’être mise en place et à laquelle les agents ne sont pas encore habitués. S’il y avait des difficultés notoires, un préavis de grève aurait été déposé». Elle explique que des recrutements temporaires ont été effectués. «Il faut pallier les jours d’arrêts des salariés. Une jeune femme s’est vue expliquer le métier en dix minutes. Elle a fini sa première tournée à 18 heures. Elle n’est pas revenue le lendemain».
Et pour quel salaire ? «Je gagne 1 300 € net après vingt et un ans de boîte», explique l’un. «1 640 € après trente-quatre ans », ajoute un autre.
Au magasin Tati de Saint-Parres-aux-Tertres
Sur les six salariés en CDI (cinq employés et une directrice), trois sont actuellement en arrêt de travail pour dépression nerveuse. Une quatrième a récemment repris le travail. La directrice adjointe, pour qui les salariés de l’enseigne s’étaient mobilisés il y a un an afin d’éviter son éviction, a été licenciée il y a deux mois par une nouvelle directrice, contre laquelle les salariés ne mâchent pas leurs mots.