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12 octobre 2013 6 12 /10 /octobre /2013 10:02

Après la forêt de Retz (Villers-Cotterêts), la forêt de Saint-Gobain constitue le second massif forestier de l'Aisne avec 9 000 ha gérés par l'Office national des forêts et 4 000 ha par des propriétaires privés.

La façon de la gérer inquiète depuis 20 ans les associations locales (Une forêt et des hommes, Gaïa), des propriétaires privés, des agents ONF et les amoureux de la nature...

La politique forestière s'est orientée vers une augmentation «irréaliste et dangereuse» des volumes de bois coupé (+ 40 % d'ici 2020) avec en toile de fond l'attrait financier des énergies vertes et de nouveaux projets industriels (centrale à biomasse).

Sur le massif gobanais, cela s'est traduit par un doublement des volumes enlevés. «Entre septembre 2011 et juin 2012, entre 70 000 et 80 000 m3 ont été prélevés sur notre massif». Par le passé, les volumes retirés étaient en moyenne de l'ordre de 40 000 m3. La multiplication des parcelles à blanc est visible avec une longue chaîne de conséquences négatives. Sols fragilisés par le ruissellement, faune et flore en souffrance, entraînant une biodiversité moindre, les impacts sont nombreux. Conjugués à la volonté de ne pas laisser d'arbres au-delà de 50/60 cm de diamètre, le tableau se noircit encore un peu plus.

La suprématie asiatique déstabilise la filière locale. «La scierie de Folembray a fermé et les entreprises qui restent (un ou deux ateliers de menuiserie) ont des soucis. Ils ont de grosses difficultés à trouver du bois localement». Les grumes gobanaises sont achetées longtemps à l'avance par des marchands chinois qui ont organisé une situation de monopole. Après avoir obtenu des volumes au prix le plus fort (150 €/m3), ils pratiquent désormais leurs tarifs (50 €/m3). Dans le même temps, les entreprises moribondes ont été rachetées pour mieux les revendre. Mercredi, 15 containers sont partis. Du bois qui reviendra sous l'appellation «parquet de France».

La mobilisation gobanaise s'est accentuée avec la création fin septembre du collectif Forêt vivra. Le travail du collectif va consister à apporter des solutions pour une gestion plus raisonnée du massif, à partir des retours d'expériences. Cela devrait passer par la mise en place, sur des parcelles privées ou rachetées, d'une sylviculture irrégulière avec des prélèvements à l'hectare de 4 à 5 m3 par an au lieu 8 à 10 actuellement, le bannissement des coupes rases, la recherche de la diversité des essences, le maintien des arbres morts, vieux et remarquables… Pour relocaliser l'économie du bois ramenant les étapes de transformation et de valorisation sur le massif, l'idée d'une Association pour le maintien d'une agriculture paysanne (Amap) du bois ou d'un village bois a été avancée.

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